Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/572

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dans la misérable édition qu’on en a faite ; je l′ai prié de vous en faire tenir une copie. Je vous envoie des bagatelles de ma façon, en attendant de vous des idées et des lumières ; chacun donne ce qu’il a. Je vais grand train dans le Siècle de Louis XIV ; je saute à pieds joints sur toutes les minuties que je trouve en mon chemin. C’est un taillis fourré où je me fais des grandes routes ; je voudrais bien m’y promener avec vous. La sublime, la légère, l’universelle Émilie vous fait mille compliments. Linant croit qu’il fera une pièce, et je n’en crois rien. Vale.


526. — Á M. DE CIDEVILLE.
À Cirey, ce 28 novembre.

Que dites-vous, mon cher Cideville, des scélérats de commis de la poste ? Nous avions, Linant et moi, mis bien proprement deux louis d’or, bien entourés de cire, dans un gros paquet adressé à sa pauvre sœur ; et nous avions pris ce parti parce que le besoin était pressant. La malheureuse a bien reçu la lettre d’avis, mais point la lettre à argent. Pour remédier à cette violation cruelle du droit des gens, je m’adresse à monsieur le marquis[1]. Ce monsieur le marquis me doit des monts d’or ; il vous remettra les deux louis. Je m’adresse à vous pour cette petite commission, ne sachant en quel endroit du monde il se carre pour le présent.

J’ai la tête en compote, mon cher ami ; je ne vous en écris pas davantage : je n’en ai pas la force. Qu’importe une longue lettre ? C’est de longues amitiés qu’il faut.

Adieu, mon charmant ami. V.


527. — Á M. THIERIOT.
À Cirey, le 30 novembre.

Vos fenêtres donnent donc à présent sur le Palais-Royal ; j’aimerais mieux qu’elles donnassent sur la prairie et sur la petite rivière[2] que je vois de mon lit ; mais on ne peut pas tout avoir à la fois, et il faut bien que M. de La Popelinière soit récompensé de son mérite, en ayant auprès de lui un homme aussi aimable que vous. Vous êtes le lien de la société ; le nom de compère vous sied à merveille, en ce sens-là, comme on appelait certain philosophe la sage-femme des pensées d’autrui.

  1. Lézeau.
  2. La Blaise.