Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/149

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réponse[1] à M. Saurin fils, parce que monsieur son père y est mêlé ; il doit vous la communiquer.

J’ai lu enfin l’épître[2] en vers qu’on m’imputait : il faut être bien sot ou bien méchant pour m’accuser d’être l´auteur d’un ouvrage où l’on me loue. Comment est-ce que vous n’avez pas battu ces misérables qui répandent de si plates calomnies ? La pièce est quatre fois trop longue au moins, et d’ailleurs extrêmement inégale. Il serait aisé d’en faire un bon ouvrage, en faisant trois cents ratures et en corrigeant deux cents vers ; il en resterait une centaine de judicieux et de bien frappés. Si je connaissais l’auteur, je lui donnerais ce conseil. Quand vous aurez la réponse au libelle diffamatoire de Desfontaines et de Rousseau, je vous prie de la communiquer à M. l’abbé d’Olivet, rue de la Sourdière. Adieu, mon cher ami, je vous embrasse.


652. — À M. THIERIOT.
Septembre.

J’ai reçu enfin, mon cher ami, ce paquet du prince royal de Prusse. Vous verrez, par la lettre dont il m’honore[3] qu’il y a encore des princes philosophes, des Marc-Aurèle, et des Antonin. C’est dommage qu’ils soient au fond de la Germanie.

C’est au moins, mon ami, une consolation pour moi que des têtes couronnées daignent me rechercher, tandis que Rousseau, La Serre, Launai et Desfontaines, m’accablent de calomnies et de libelles diffamatoires.

Vous savez qu’il y a déjà longtemps que Rousseau et Desfontaines firent imprimer un libelle[4] contre moi dans la Bibliothèque française. Puissent mes ennemis m’attaquer toujours de même, et être toujours dans l’obligation de mentir pour me nuire ! Je suis persuadé que ce petit Lamare se mettra au nombre de mes ennemis. Je l’ai accablé d’assez de bienfaits pour souhaiter qu’il se joigne à Desfontaines, et qu’on voie que je n’ai pour adversaires que des ingrats et des envieux. C’est déjà se déclarer mon ennemi que d’en user mal avec vous. On ne peut pas me déclarer plus ouvertement la guerre. Il est triste pour nous d’avoir connu ce petit homme. Nous sommes bons, on abuse de notre bonté ; mais ne nous corrigeons pas.

  1. C’est la lettre du 20 septembre, n° 646.
  2. Voyez la note sur la lettre 637.
  3. C’est la lettre 629.
  4. Voyez la note sur la lettre 646.