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669. — À M. DU RESNEL[1].
1736.

Mon cher et grand abbé, je suis enchanté de votre style, de votre politesse, et de votre extrait. Vous voilà presque newtonien ; je serai resnéliste toute ma vie.


670. — À M. DE MONCRIF[2].
1736.

Je reçois dans ce moment votre lettre du 18.

Vraiment, je compte fort corriger cet Enfant prodigue que Mme du Châtelet nomme l’Orphelin.

À l’égard des lettres, soit en prose, soit en vers, au prince de Prusse, souvenez-vous qu’elles ne sont que pour lui, et qu’il ne les faut montrer à aucun Français ni à aucun Prussien.

Adieu, mon cher ami. Plus vous m’écrivez, plus j’ai besoin de vos lettres.


671. — À MADAME DE CHAMPBONIN.
De Cirey.

Vous êtes trop bonne, adorable amie ; quelque succès que l’Enfant prodigue puisse avoir, c’est un orphelin dont je ne m’avoue pas le père ; mais je suis bien plus flatté de l’intérêt que vous y prenez que de l’éloge du public. M. du Châtelet n’est point de retour. Les colonels sont contre-mandés, soit par les excessives précautions de M, de Belle-Isle, soit par crainte de quelque remuement des ennemis. On ne croit point la paix faite ; je n’en sais rien : tout ce que je sais, c’est que nous sommes des moutons à qui jamais le boucher ne dit quand il les tuera. Puisque vous savez, charmante amie, que je préfère l’amitié à tous les rois de la terre[3], vous avez grand tort de n’être point à Cirey. Mais partout où vous serez, vous serez avec l’amitié. Qui pourrait ne pas aimer votre caractère si vrai, si doux et si égal ? Ouand est-ce donc que vous verrez les entresols[4], amie charmante ?

  1. Éditeurs, Bavoux et François.
  2. Éditeurs, Bavoux et François.
  3. Voltaire avait refusé les offres du duc de Holstein-Gottorp (voyez la lettre 539), et celles de Frédéric, alors prince royal de Prusse.
  4. Les entresols de Cirey, cités dans la lettre 637. Voltaire occupait alors, à l’entresol, une petite chambre qui donne sur la Blaise, dans la partie du château habitée, au premier, par la marquise du Châtelet.