Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/281

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l’obligation d’avoir mieux connu la vérité : c’est un commerce rare entre des princes et des particuliers ; mais vous ne ressemblez en rien aux autres princes : on demandera aux autres des biens, des honneurs ; on demandera à vous seul d’être éclairé.

Salomon du Nord, la reine de Saba, c’est-à-dire de Cirey, joint ses sentiments d’admiration aux miens.


754. — À M. PITOT[1].
Ce 29 mai.

Cet ouvrage[2] n’est guère fait que pour ceux qui n’ont ni science ni préjugés. J’y parle de choses bien connues, comme des premiers principes de la vision ; mais il faut être populaire. Je ne suis pas venu pour les sages, mais pour le peuple ignorant dont j’ai l’honneur d’être.

Vous verrez, au chapitre vi, que je soutiens que nous apprenons à voir, comme à parler et à lire. Si l’ouvrage n’était pas déjà trop long, j’ajouterais le problème de catoptrique jusqu’ici indéchiffrable, dont je vous ai parlé.

Soit l’objet A placé à environ un pied d’un miroir concave, soit son angle d’incidence A B C, soit le cathète D F, par toutes les règles on devrait voir l’objet au point de réunion du cathète et du rayon réfléchi B C ; mais le cathète et la ligne de réflexion B C ne se réunissent qu’à une distance très-grande, et l’œil, placé en K, voit l’objet de très-près. Par une autre règle fondamentale, plus les rayons arrivent convergents à l’œil, plus l’objet doit paraître éloigné. Or ils arrivent plus convergents en I qu’en K,

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Les Éléments de la Philosophie de Newton.