Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/477

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dans cette édition. On dit d’ailleurs qu’elle est très-belle ; mais j’aime mieux une vérité que cent vignettes.

Je voudrais bien savoir quel est le Sosie qui me fait honnir en vers, pendant qu’on m’inquiète ainsi en prose. Ce Sosie m’a bien la mine d’être l’auteur de l’Épître à Rousseau, si longue et si inégale. Je sais quel il est, je connais ses manœuvres. Il doit haïr Rousseau et Desfontaines. Il veut se servir de moi pour tirer les marrons du feu. Je ne lui pardonnerai jamais d’avoir fait tomber sur moi le soupçon d’être l’auteur de cette misérable épître[1]. Qu’il jouisse de ses succès passagers, qu’il se fasse de la réputation à force d’intrigues, mais qu’il ne me donne point ses enfants à élever.

Mon cher ami, on a bien de la peine dans ce monde. Ce monde méchant est jaloux du repos des solitaires ; il leur envie la paix qu’il n’a point. Adieu ; je n’ai jamais moins regretté Paris.


860. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[2].
Ce 5 (mai 1738).

Je reçois votre lettre du 1er mai, mon cher abbé.

Le vieux de Gennes n’est point si radoteur ; mais ce serait radoter que de ne le pas faire payer, et, si sa réponse à M. Clément n’est pas une lettre de change pour un payement complet, il faut sur-le-champ charger M. Bégon de le poursuivre.

M. d’Auneuil n’ayant pas satisfait, il faudrait s’adresser au payeur des rentes dorénavant : cela vaut délégation.

Je n’ai reçu ni l’écrit de Saurin sur les mathématiques, ni d’autres livres que Prault prétend avoir envoyés.

Je prie monsieur votre frère d’ajouter à la liste des livres que j’ai demandés :

L’Histoire des vents, de Dampierre ;

L’Histoire de la mer, de Delisle ;

La Physique, de Keil : on la trouve chez Cavelier, ou Montalant, ou Martin.

Qu’il ait la bonté de faire un catalogue de tous les livres que je demande ; qu’il aille d’abord chez Prault, et, si Prault ne peut les fournir, qu’il ait la bonté de les chercher lui-même.

Je souhaite que ce soit Prault qui donne cinquante livres à Linant ; j’ai mes raisons. Je vous prie, si je dois de l’argent à

  1. Celle dont Voltare parle au commencement de la lettre 643, à Berger.
  2. Édition Courtat.