Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/536

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lité. Elle est matière, ai-je dit : donc elle pèse. J’aurais dû dire seulement : donc il est très-vraisemblable quelle pèse. M. Newton, dans ses Principes, semble croire que la lumière n’a point cette propriété que Dieu a donnée aux autres corps de tendre vers un centre. J’ai poussé la hardiesse au point d’exposer un sentiment contraire. On voit au moins par là que je ne suis point esclave de Newton, quoiqu’il fût bien pardonnable de l’être. Je finis, parce que j’ai trop de choses à dire ; c’est à ceux qui en savent plus que moi à rendre sensibles des vérités admirables dont je n’ai été que le faible interprète.

J’ai l’honneur d’être, etc.

P. S. On vient de m’avertir qu’on parle, dans le Journal de Trévoux, d’un problème sur la trisection de l’angle, qu’on m’attribue[1]. Je ne sais encore ce que c’est ; je n’ai jamais rien écrit sur ce sujet.


898. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[2].
11 (juillet 1738).

Vous m’aurez fait, mon cher abbé, un très-sensible plaisir si vous avez donné les douze cents livres à M. Nollet, avec ces grâces qui accompagnent les plaisirs que vous faites. Je vous prie de lui offrir cent louis s’il en a besoin. Ce n’est point un homme ordinaire avec qui il faille compter. C’est un philosophe, c’est un homme d’un vrai mérite, qui seul peut me fournir mon cabinet de physique, et il est beaucoup plus aisé de trouver de l’argent qu’un homme comme lui.

Je vous recommande encore M. Cousin. Je vous prie de lui donner tout l’argent dont il aura besoin pour faire les commissions dont il se charge par rapport à ces livres. Je vous prie de lui faire mille amitiés, et de le bien encourager dans le dessein qu’il a de venir étudier la physique avec moi à Cirey. On trouve peu de jeunes gens qui veuillent ainsi se consacrer aux sciences, et, encore moins, qui joignent les talents de la main aux connaissances des mathématiques : ménagez-le-moi, je vous en supplie. Vous avez la lettre pour M. Hérault, que vous aurez la bonté d’envoyer avec un Newton relié en veau. Vous prendrez pour vous et pour vos amis les livres que vous souhaiterez.

  1. La solution de ce problème était effectivement attribuée à Voltaire, dans les Observations de Desfontaines, du mois de juillet 1738.
  2. Édition Courtat.