Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/564

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Vous me rendez justice, monsieur, en ne me croyant point coupable d’aucune mauvaise intention. J’ose même vous protester que jamais je n’en ai eu, et que jamais amant n’a aimé plus tendrement une maîtresse que je vous ai toujours aimé, malgré tout ce qui est arrivé. J’ai des vivacités, il est vrai : vous me les avez souvent reprochées avec raison ; mais je ne le cède à personne pour la droiture du cœur, la pureté des intentions, et la fidèle exécution quand il s’agit de rendre service.

Je sais qu’on m’a fort calomnié, et je sais encore que les personnes qui déclamaient le plus contre moi, en vous quittant, venaient au logis pour m’animer contre vous. Depuis ce temps-là j’ai rendu à une de ces personnes des services assez considérables ; et si les occasions se présentaient d’obliger les autres, je le ferais volontiers. C’est la seule vengeance que je prétends en tirer.

Si vous me croyez utile à quelque chose, et même dans ce qui peut exiger de la discrétion, honorez-moi de vos commissions, et soyez, je vous supplie, assuré d’une prompte et secrète expédition.

Ma femme vous assure de ses très-humbles respects.

J’ai l’honneur d’être avec un profond respect, monsieur, votre très-humble, etc.

Demoulin

922. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 14 (auguste 1738).

Mon cher abbé, en réponse à vos deux lettres reçues à la fois :

1° Le billet qu’on vous a présenté est une simple prière conçue en ces termes : Je vous prie de donner au porteur la somme de… pour mon compte. Il n’y a ni valeur reçue, ni rien d’équivalent. Ainsi je crois que vous ne devez répondre autre chose, sinon que vous refusez d’accepter cette prétendue lettre de change. On ne peut vous assigner : vous n’êtes pour rien dans cela, et si on vous assignait, ce serait un coup d’épée dans l’eau ; et, pour moi, il faut m’assigner à Cirey, et je répondrai.

2° Ayez la bonté de donner à l’envoyé de M. Thieriot l’argent qu’il vous demandera. Cela va, je crois, à quatre ou cinq louis.

Voulez-vous bien m’envoyer un bâton d’ébène, long de deux pieds ou environ, pour servir de manche à une bassinoire d’argent ? je suis un philosophe très-voluptueux.

Je vois que les affaires sont dans une situation à pouvoir laisser les vingt mille livres à M. Michel.

Au chevalier de Mouhy cent francs pour une planche d’estampe, qu’il promettra livrer.

  1. Édition Courtat.