Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/98

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personnes dont on est obligé de demander ici le témoignage ; il leur a dit qu’il était pénétré des bontés et des générosités du défendeur.

5° Il a reçu de son propre aveu, il y a quatre mois, des gratifications, et il en marque par lettre sa très-humble reconnaissance : un heureux hasard a voulu qu’on ait retrouvé ces lettres, qui prouvent la générosité du défendeur et la perfide ingratitude de son ennemi.

En effet, serait-il possible que. Jore eût remercié humblement en 1736 celui qui le volerait depuis 1730, et qui même, selon lui, aurait été son dénonciateur en 1734 ? Voilà les contradictions où les calomniateurs tombent nécessairement.

6° Jore, dans son libelle diffamatoire, après des mensonges avérés et des railleries, qui assurément ne sont pas le langage d’un homme opprimé, croit toucher la pitié des juges et du public en disant : J’ai perdu ma fortune en 1734. On m’a saisi pour vingt-deux mille francs d’effets.

Mais si on lui a saisi pour vingt-deux mille livres de libelles contre le gouvernement, qu’est-ce que cette nouvelle faute si punissable a de commun avec un effet prétendu que Jore lui-même, en le grossissant, porte à quatorze cents livres tout au plus ?

7° Jore pense rendre sa cause meilleure en citant un procès que fait au sieur de Voltaire la famille d’un tailleur pour de prétendues dettes de seize années. Ceux qui ont suscité toutes ces affaires au défendeur ont cru, en effet, l’accabler, parce qu’ils ont espéré qu’il aurait perdu toutes ses quittances dans ses fréquents voyages. Mais le sieur Dubreuil, ci-devant commis à la chambre des comptes, vient heureusement de les retrouver. On a même recouvré un billet par lequel le tailleur devait au sieur de Voltaire de l’argent prêté, car le défendeur a prêté presque à tous ceux qu’il a connus, et à Jore même, et il n’a guère fait que des ingrats.

8° Jore a dit au conseiller du parlement déjà cité que son unique but était de débiter et de vendre son factum injurieux ; il avait en cela deux avantages : l’argent qu’il a gagné à ce trafic infâme, et l’espérance d’inquiéter un homme de lettres exposé à l’envie.

9° Parmi toutes ses impostures étrangères au sujet, Jore parle dans son Mémoire de je ne sais quel libraire, nommé Ferrand, avec lequel il avait, dit-il, un procès pour une contrefaçon d’un livre dont Jore avait le privilége. Quel rapport de ce privilège et de ce procès avec l’affaire dont il s’agit ? Mais cet écart de Jore va