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Césarion vous aura répondu touchant M. du Châtelet. J’espère que vous serez content de sa réponse.

En vérité, je me repens d’avoir écrit le Machiavel, car les disputes où il vous entraîne avec Van Duren font au monde lettré une espèce de banqueroute de quinze jours de votre vie.

J’attends le Mahomet avec bien de l’impatience.

Voudriez-vous engager le comédien[1], auteur de Mahomet II, et lui enjoindre de lever une troupe en France, et de l’amener à Berlin, le 1er de juin 1741 ? Il faut que la troupe soit bonne et complète pour le tragique et le comique, les premiers rôles doubles.

Je me suis enfin ravisé sur le savant[2] à tant de langues ; vous me ferez plaisir de me l’envover. Bernard parle en adepte ; il ne veut point imprimer des livres, mais il veut faire de l’or.

Si je puis, je ferai marcher la tortue de Bréda[3] ; je ferai même écrire à Vienne, pour Mme du Châtelet, à mon ministre, qui pourra peut-être s’employer utilement pour elle[4]. Saluez de ma part cette rare et aimable personne, et soyez persuadé que tant que Voltaire existera il n’aura pas de meilleur ami que

Fédéric.

1352. — À M. CYRILLE LE PETITS[5],
pasteur de l’église catholique française.
À la Haye, ce 3 octobre.

Vous faites sans doute votre devoir de conciliateur et d’homme de bien en me promettant, comme vous faites, de ne donner jamais mon manuscrit[6] à Jean Van Duren que de mon consentement.

Nous vous prions, M. de Beck, témoin de toute l’affaire, et moi, qui y suis intéressé, nous vous prions, dis-je, de vous souvenir des faits suivants :

1° Que je fis présent à Van Duren du manuscrit en question ; ce que Van Duren n’a jamais nié, et ce dont ses lettres font foi ;

2° Qu’ayant eu ensuite des raisons pour ne le pas imprimer sitôt, je vins à la Haye ; j’offris à Van Duren de le rembourser

  1. La Noue.
  2. Charles Dumolard ; voyez ci-dessus, lettre 1333.
  3. Frédéric désigne ainsi le prince d’Orange, qui était habituellement à Bréda.
  4. Dans son procès contre la famille de Honsbrouk.
  5. Éditeurs, de Cayrol et François.
  6. Le manuscrit de l’Anti-Machiavel, que Voltaire avait déposé entre les mains de ce pasteur ; voyez, tome XXIII, la note 3 de la page 149.