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CORRESPONDANCE



2526. — À M. ROQUES
À Berlin, 4 mars 1753.

Le sieur La Beaumelle n’est pas digne d’être votre ami, et il faut que vous ayez bien de l’indulgence pour lui pardonner ses écarts. Une âme aussi honnête que la vôtre est incapable même de comprendre les noirceurs de cet homme. Comment a-t-il donc osé vous dire que j’ai été l’agresseur ? Malgré les explications qu’il a répandues du passage choquant de son Qu’en dira-t-on, a-t-il jamais pu se justifier ? Il est faux que MM. de Maupertuis et Algarotti aient été contents du tour qu’il a donné à cette insolence. N’a-t-il pas semé dans tout Berlin les anecdotes les plus calomnieuses contre moi ? A-t-il cru qu’elles me resteraient cachées ou qu’elles m’intimideraient ? Il ne vous a pas dit, sans doute, qu’il a fait colporter une douzaine de libellés manuscrits contre moi, et que des âmes de boue comme la sienne ont eu besoin de répandre partout. On m’écrit de Paris qu’on y a vu des copies de ces belles productions. Ah ! monsieur, que la littérature est avilie par les La Beaumelle, et quelle humiliation que d’être obligé de répondre aux attaques d’un pareil adversaire ! Votre philosophie gémit avec moi de ces misères, et voudrait la paix ; mais je vous demande, monsieur, si la conciliation est possible. Puisse votre repos n’être jamais troublé par ces vils insectes, qui ne laissent pas que de faire du mal ! J’ai l’honneur d’être avec une considération distinguées.


2527. — À M. FORMEY[1].
4 mars, au matin.

Je prie M. Formey de vouloir bien m’envoyer les pièces du procès de Newton et Leibnitz sur des choses qui en valaient la

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.