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2628. — DE M. *** AU BARON DE FREYTAG[1].

Vous verrez, monsieur, par la lettre et l’écrit ci-joint, ce qu’on peut dire de vous à Paris. Il importe à votre honneur et à celui du monarque que vous représentez, de faire cesser des bruits injurieux. Vous avez sans doute des correspondants à Paris, et Sa Majesté prussienne y a des ministres et des agents que vous pouvez informer de la manière dont les choses se sont passées. Et les gazettes sont encore une voie plus prompte.


2629. — DE M. LE CHEVALIER DE LA TOUCHE[2].
A Berlin, ce 21 juillet 1753.

J’ai reçu, monsieur, par la poste du 15 et 18 de ce mois, vos lettres du 23, 25, 26 et 29 du mois dernier, avec les pièces qui les accompagnaient. J’en aurais fait l’usage que vous aviez marqué si M. le comte de Podewilz ne m’avait dit que vos affaires étaient finies, et que vous étiez, suivant la lettre que vous lui avez écrite, dans les environs de Mayence, où je vous adresse celle-ci, pour vous marquer combien je suis charmé de vous savoir en liberté, aussi bien que Mme Denis, que j’assure de mon respect. Mandez-moi à votre loisir ce que vous voulez que je fasse du duplicata qui sera entre mes mains, et soyez persuadé que je m’intéresse très-sincèrement à tout ce qui peut vous arriver d’heureux et de satisfaisant. Je suis, etc.


    position m’a empêché de répondre plus tôt. Dans l’intervalle, vous aurez reçu l’ordre du roi de laisser courir ce de Voltaire, que tout le monde reconnaît comme un c… (kujon).

    Vous pouvez mettre complètement de côté « l’inquiétude » que manifeste votre dernière. Vous n’avez rien fait que sur ordre royal, et vous l’avez exécuté de façon à ce que Sa Majesté soit satisfaite. Vous n’avez rien à redouter du magistrat de la ville, puisque vous avez agi d’après les instructions de votre souverain et comme personnage ayant caractère royal, et c’est ce que vous pouvez lui déclarer « hautement ». Quant au Voltaire, qui est un homme sans honneur, Sa Majesté ne veut en aucune manière se commettre avec lui ; et, maintenant qu’il a livré les objets en question, qu’il aille où il voudra. S’il était encore là, laissez-le crier à son aise, et n’entrez pas plus avec lui qu’avec le magistrat en explications de votre conduite. Mais vous pouvez lui dire en face qu’il n’a pas à se prévaloir de son prétendu caractère de gentilhomme de la chambre du roi de France ; que s’il l’osait à Paris, la Bastille serait sa récompense. Au reste, je vous assure encore une fois que vous pouvez être complètement tranquille. Vous avez agi comme fidèle serviteur du roi et d’après son ordre, et les mensonges et les calomnies de Voltaire ne trouvent créance ni ici ni ailleurs.

    Je vous témoigne mon estime particulière. De vous, très-haut et très-noblement né, le serviteur dévoué,

    Fredersdorff

  1. Éditeur, Varnhagen von Ense.
  2. Lettres et Billets de Voltaire à l’époque de son retour de Prusse en France en 1753 (collection Sermizelles) ; Paris, 1867.