Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/142

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doux s’il peut finir en vous voyant ; ce sera ouvrir les yeux à une lumière bien agréable.

Ou m’a envoyé la Querelle[1] ; il vaudrait mieux point de querelle. Adieu, mon très-aimable ange. Mille tendres respects à tous les vôtres,

Je suis bien malade. Adieu les tragédies,


2654. — À. MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
À Colmar, ce 5 octobre.

Je suis pénétré de regrets, madame ; vous et Mme de Brumat[2], vous me faites passer de mauvais quarts d’heure. J’écris peut-être fort mal le nom de votre amie, mais je ne me trompe pas sur son mérite, et sur le plaisir que j’avais de venir les soirs, de ma solitude dans la vôtre, jouir des charmes de votre société. Je suis arrivé si malade que je n’ai pu aller rendre moi-même votre lettre à monsieur le premier président[3]. Que dites-vous de lui, madame ? Il a eu la bonté de venir chez ce pauvre affligé. Il m’a amené son fils aîné, qui paraît fort aimable, et qui n’a pas l’air d’être paralytique comme son cadet. Je passe une page[4] parce que mon papier boit, et qu’il n’y a pas moyen d’écrire sur ce vilain papier ; cela vous épargne une longue lettre. On dit que le ministère n’est pas disposé à rendre à M. de klinglin la justice que nous attendons. Je veux douter encore de cette triste nouvelle. On dit que monsieur votre fils revient ; quand pourrai-je être assez heureux pour voir le fils et la mère ? Il me semble que je voudrais passer le reste de mes jours avec vous dans la retraite. La destinée m’y avait conduit, et mon cœur ne veut pas la démentir. Adieu, madame ; je suis pour toujours à vos ordres avec le plus tendre respect.


2655. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Au pied d’une montagne[5], le 10 octobre.

Mon cher ange, il me semble que je suis bien coupable ; je ne vous écris point, et je ne fais point de tragédies. J’ai beau être dans

  1. Voyez la note, tome XXIII, page 55.
  2. Brumath. On prononçait Broumath.
  3. M. de Klinglin, frère de Mme de Lutzelbourg.
  4. Le verso de l’original était en blanc.
  5. Au village de Luttenbach. Voltaire, selon Colini, s’enterra dans cette solitude pendant quinze jours.