Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’achève ma vie, ce sera une grande consolation pour moi de compter sur votre bonté et sur votre suffrage. Je les mérite au moins par la reconnaissance tendre et respectueuse avec laquelle j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


2748. — À M. COLINI[1].
Le 9 juin.

En passant par Saint-Dié, je corrige la feuille[2] ; je la renvoie. Je recommande à M. Colini les lacunes de Venise ; il aura la bonté de faire mettre un g au lieu du c. Et ces chevaliers, qui sortent de son pays ; on peut d’un son faire aisément un leur.

Io non sò ancora quanti giorno o quante ore mi tratterò nella badia. Scriverò al signor Colini, e gli dirò dove egli m’indirizzera le mie lettere.

Il suo amico V.


2749. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Senones, le 12 juin.

Mon cher ange, ceux qui disent que l’homme est libre ne disent que des sottises. Si on était libre, ne serais-je pas auprès de vous et de Mme d’Argental ? Ma destinée serait-elle d’avoir des anges gardiens invisibles ? Je pars le 8 de Colmar, dans le dessein de venir jouir enfin de votre présence réelle. Je reçois en partant une lettre de Mme Denis, qui me mande que Maupertuis et La Condamine vont à Plombières ; qu’il ne faut pas absolument que je m’y trouve dans le même temps ; que cela produirait une scène odieuse et ridicule ; qu’il faut que je n’aille aux eaux que quand elle me le mandera. Elle ajoute que vous serez de cet avis, et que vous vous joindrez à elle pour m’empêcher de vous voir. Surpris, affligé, inquiet, embarrassé, me voilà donc ayant fait mes adieux à Colmar, et embarqué pour Plombières. Je m’arrête à moitié chemin ; je me fais bénédictin dans l’abbaye de Senones,

  1. Côme-Alexandre Colini, né à Florence le 14 octobre 1727, mort à Manheim le 22 mars 1806, auteur de Mon Séjour auprès de Voltaire, 1807. in-8o, et d’autres écrits, secrétaire de Voltaire pendant cinq ans, qu’il quitta en juin 1756. Il était donc entré au service de Voltaire en 1751 (et non 1752). Ses lettres à l’avocat Dupont, publiées dans le volume de Lettres inédites de Voltaire, Paris, Mongie ainé, 1821, in-12 et in-8°, sont pleines d’humeur contre l’auteur de Zaïre. Mais il se montre plus juste dans son ouvrage intitulé Mon Séjour, etc. (B.) — Voyez sur Colini la note 1 de la page 269.
  2. C’était une des dernières feuilles du second tome des Annales de l’Empire, ou quelques cartons pour le même ouvrage.