Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/239

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velles. Ce paquet m’est de la plus grande conséquence. Si vous avez eu la bonté de le retirer, ayez celle de me le renvoyer par la poste, à Senones, avec les ordres positifs de venir vous joindre. Il ne me faut qu’une chambre, un trou auprès de vous, et je suis très-content. Mes gens[1] logeront comme ils pourront. Votre grenier serait pour moi un palais. Je suis comme une fille passionnée qui s’est jetée dans un couvent en attendant que son amant puisse l’enlever. C’est une étrange destinée que je sois si près de vous, et que je n’aie pu encore vous voir. Je vous embrasse avec autant d’empressement que de douleur. Mille tendres respects à Mme d’Argental.

Voici un autre de mes embarras : je crains que vous ne soyez pas à Plombières. J’ignore tout dans mon tombeau : ressuscitez-moi.

Il faut malheureusement huit jours pour recevoir réponse, et nous ne sommes qu’à quinze lieues.


2753. — À M. DUPONT,
avocat.
Senones, juin.

Je supplie monsieur Dupont de vouloir bien me mander quelle est cette malheureuse édition allemande qui contredit si cruellement celle de Baluse.

Je ne me console point du tort effroyable que j’ai fait à la sainte Église, en ne permettant point les femmes aux prêtres ! Maudit soit le carton que j’ai mis !

Je m’aperçois qu’il est un peu difficile d’écrire l’histoire sans livres. Il y a une belle bibliolhèque à Senones, il y a des gens bien savants, mais il n’y a point de M. Dupont. Je le regretterai toujours, mais je me flatte de le revoir bientôt, et de lui renouveler l’assurance de l’amitié qui m’attache à lui. Je le prie de faire bien mes compliments à M. de Brûges.

Je me flatte qu’il ne m’oubliera pas auprès de M. et de Mme de Klinglin.

Je souhaite à Mme Dupont des couches heureuses, et qu’elle s’en tienne là.

  1. Son copiste et un domestique.