Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/24

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du feu[1] ; il devrait s’apercevoir que Maupertuis, le persécuteur de kœnig et le mien, s’est moqué de lui ; il devrait savoir que Maupertuis, pour récompense, le traite avec le dernier mépris ; il devrait ne point menacer un homme à qui il a fait tant d’outrages avec tant d’injustice.

Non, monsieur ; il ne s’est jamais agi des quatre lettres de La Beaumelle, que jamais je n’ai entendu attribuer à Maupertuis ; il s’agit de la lettre que La Beaumelle vous écrivit, il y a six mois, lettre dont vous m’avez envoyé le contenu dans une des vôtres, lettre par laquelle La Beaumelle avoua que Maupertuis l’avait excité contre moi par une calomnie. J’ai fait connaître cette calomnie au roi de Prusse, et cela me suffit. Ma destinée n’a rien de commun avec toutes ces tracasseries, ni avec cette infâme édition du Siècle de Louis XIV ; je sais supporter les malheurs et les injures. Je pourrai faire un Suplément[2] au Siècle de Louis XIV, dans lequel j’éclaircirai des faits dont La Beaumelle a parlé sans en avoir la moindre connaissance. Je pourrai, comme M. Kœnig, en appeler au public[3]. J’en appelle déjà à vous-même. S’il vous reste quelque amitié pour La Beaumelle, cette amitié même doit lui faire sentir tous ses torts. Il doit être honteux d’avoir été l’instrument de la méchanceté de Maupertuis, instrument dont on se sert un moment, et qu’on jette ensuite avec dédain.

Voilà, monsieur, tout ce que le triste état où je suis de toutes façons me permet à présent de vous répondre. Je vous embrasse sans cérémonie.


2543. — INSTRUCTION DE M. DE FREDERSDORFF
à m. le baron de freytag,
résident prussien à francfort[4].
Potsdam, den 11 April 1753.

Seine Königliche Majestät, unser allergnädigster Herr, machen Dero Residenten und Kriegsrath von Freytag hierdurch in Gnaden bekannt, wie dass der von Voltaire mit ehsten Frankfurt am Main passiren wird, als ist Seiner Königlichen Majestät Befehl, dass Er sich mit Zuziehung des dortigen Hofrath Schmid zu ihm verfügen, dem Voltaire im Namen Seiner König-

  1. Allusion à la fable de La Fontaine intitulée le Singe et le Chat.
  2. Voltaire avait déjà, en grande partie, composé ce Supplément, qu’il dédia plus tard à Roques.
  3. Voyez la lettre 2518.
  4. Éditeur, Varnhagen von Euse.