Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/246

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Malesherbes que vous avez acheté assez cher le manuscrit en question ; or, comme M. de Malesherbes sait que je vous en ai fait présent conjointement avec le sieur Walther, et que même je vous avais prêté vingt mille francs sans intérêts, je crains bien que votre lettre n’ait fait un effet peu favorable pour vous, etc. »

Cependant, monsieur, comme Walther et Schœpflin ont tiré six mille exemplaires, je suis obligé de vous demander grâce pour ce Schœpflin. Permettez du moins qu’une partie de son édition entre à Paris. On a déjà réimprimé en quatre endroits différents les Annales de l’Empire. Je ne vous ai envoyé le troisième tome de l’Histoire que par une juste et respectueuse confiance ; je vous supplie d’y avoir égard. Ne permettez pas que le livre paraisse à Paris sans la préface ; cette préface est ma seule justification. J’en enverrai incessamment la suite. Je n’ai fait ce troisième volume que pour faire voir l’injustice que j’ai essuyée par l’édition défectueuse et subreptice des deux premiers.

Je me recommande d’ailleurs à vos bontés : mon procédé et mon malheur les méritent. Je ne demande que la suspension pendant quelque temps de l’édition de Lambert, d’autant plus que j’ai dédié ce volume à l’électeur palatin, et que ce serait pour moi un nouveau malheur, aussi bien qu’un contre-temps très-ridicule : je vous supplie de me sauver l’un et l’autre ; je vous en aurai, monsieur, la plus sensible obligation.


2762. — À M. COLINI.
À Plombières, le 6 juillet[1].

Je répète al signor Colini qu’il est bien meilleur correcteur d’imprimerie que moi. Je le prie de m’envoyer l’épître dédicatoire, et la préface entière[2], imprimées ; d’avoir soin de ces deux grosses fautes de ma façon, qui se sont glissées sur la fin du second volume.

Je suis au désespoir ; je crains que M. de Malesherbes n’ait remis à des libraires de Paris l’exemplaire que je lui envoyai, de concert avec M. Schœpflin, pour le soumettre à ses lumières, et pour l’engager à le protéger. J’ai peur qu’il n’ait été choqué de ce que M. Schœpflin lui a écrit. Dites-lui bien, je vous en prie, qu’il n’a autre chose à faire qu’à envoyer vite de tous côtés…

  1. La maison où Voltaire se logea à Plombières, en 1754, a été détruite par l’inondation du 26 juillet 1770.
  2. C’est l’Avertissement des Annales de l’Empire ; voyez tome XIII, page 193.