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monsieur, comme un ami dont il ne peut pas se passer, et qui fera sa seule consolation pendant les horreurs du froid. Il restera ici tant qu’il y aura de beaux jours, et s’enfuira aux premiers frimas.

La chronologie est-elle finie ? Dieu, quel homme ! Je vous prie de faire agréer à madame mes Irès-humbles respects, et suis avec un parfait attachement et la considération la plus respectueuse, etc.


Colini[1].

2797. — À M. DE MONCRIF[2].
À Colmar, 15 octobre.

Je reçois dans ce moment, mon cher confrère, la boîte de Pandore : tous les maux et tous les sifflets en sortent ; folio recto, folio verso, tout est détestable. La musique d’Orphée ne pourrait faire passer ces pauvretés. Je ne me plains point de M. de Sireuil ; il aurait dû pourtant m’avertir un peu plus tôt. Je vous demande en grâce que l’ouvrage porte le titre de ce qu’il est : Tiré des fragments de la pièce, selon le petit projet que j’ai soumis à vos lu-

  1. Colini (Côme-Alexandre), né à Florence le 14 octobre 1727, mort à Manheim le 22 mars 1806.

    Il allait prendre ses degrés de docteur en droit, lorsque la mort de son père vint donner une autre direction à ses idées. Le barreau n’était nullement de son goût, et, dès qu’il se sentit libre, il quitta Pise, où il avait fait ses études, et destina une partie de son héritage à satisfaire son désir de voyager. Après avoir parcouru, avec deux de ses amis, la Suisse et l’Allemagne méridionale, il alla à Berlin : c’est là qu’il connut Voltaire, et c’est à l’aide de quelques recommandations qu’il devint, en 1752, le secrétaire de ce grand homme. Lorsque Voltaire quitta la Prusse, Colini l’accompagna, et partagea les désagréments qui l’attendaient à Francfort, et qui les y retinrent plus d’un mois. Il demeura avec Voltaire, en qualité de secrétaire, jusqu’au milieu de l’année 1756. À cette époque, Colini qui, à trente ans, avait l’inconstance et la légèreté d’un enfant, et qui, d’ailleurs, était plus piqué de quelques mercuriales que ses écarts lui avaient attirées, que flatté de l’honneur d’être attaché au plus grand homme du siècle, Colini, dis-je, alla à Strasbourg, où il fit l’éducation du fils du comte de Sauer. En 1759, à la recommandation du philosophe de Ferney, Colini fut choisi pour secrétaire intime par l’électeur Bavaro-Palatin, qui, bientôt après, le nomma son historiographe et directeur du cabinet d’histoire naturelle de Manheim. Ce cabinet devint, par ses soins, une des plus précieuses collections de l’Europe.

    Colini, qui joignait à une érudition assez étendue, un esprit vif, pénétrant et malin, a laissé plusieurs ouvrages estimés : ils sont presque tous scientifiques ; les plus importants sont ses Considérations sur les montagnes volcaniques ; une Dissertation sur l’histoire d’Allemagne ; des Lettres sur les Allemands, ou Lettres sur l’Allemagne, ouvrage qui est très-répandu aujourd’hui sous le titre de Voyages de Risbeck en Allemagne ; et enfin Mon Séjour auprès de Voltaire, et Lettres inédites que m’écrivit cet homme célèbre jusqu’à la dernière année de sa vie, ouvrage posthume où l’auteur relève de nombreuses erreurs commises par les biographes de Voltaire. (Note du premier éditeur.)

  2. Éditeurs, de Cayrol et François.