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je vous assure de l’estime singulière et du dévouement parfait avec lequel je suis, monsieur, etc.

Guyot de Merville.

2909. — À M. DE BRENLES.
Aux Délices, 16 avril.

Je partage votre douleur, monsieur, après avoir partagé votre joie ; mais heureux ceux qui, comme vous, peuvent réparer leur perte au plus vite ! je ne serais pas dans le même cas. Bien loin de faire d’autres individus, j’ai bien de la peine à conserver le mien, qui est toujours dans un état déplorable. En vérité, je commence à craindre de n’avoir pas la force d’aller sitôt à Monrion.

Soyez bien sûr, monsieur, que mes maux ne dérobent rien au tendre intérêt que je prends à tout ce qui vous touche. Je crois que Mme de Brenles et vous avez été bien affligés ; mais vous avez deux grandes consolations : la philosophie et du tempérament. Pour moi, je n’ai que de la philosophie ; il en faut assurément pour supporter des souffrances continuelles qui me privent du bonheur de vous voir. Ma nièce s’intéresse à vous autant que moi ; elle vous fait les plus sincères compliments, aussi bien qu’à Mme de Brenles. Nous apprenons que vous avez un nouveau bailli ; ce sera un nouvel ami que vous aurez.

Adieu, mon cher monsieur ; je suis bien tendrement à vous pour jamais. V.


2910. — À M. GUYOT DE MERVILLE[1].
Avril.

La vengeance, monsieur, fatigue l’âme, et la mienne a besoin d’un grand calme. Mon amitié est peu de chose, et ne vaut pas les grands sacrifices que vous m’offrez. Je profiterai de tout ce qui sera juste et raisonnable dans les quatre volumes de critiques que vous avez faites de mes ouvrages, et je vous remercie des peines infinies que vous avez généreusement prises pour me redresser. Si les deux satires que Rousseau et Desfontaines vous suggérèrent contre moi sont agréables, le public vous applaudira. Il faut, si vous m’en croyez, le laisser juge.

La dédicace de vos ouvrages, que vous me faites l’honneur de

  1. Réponse à la lettre 2908.