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le plus tendre souvenir de vos bontés et l’attachement le plus respectueux. Jeanne, Agnès, et moi, se recommandent avec respect à vos bontés.


Voltaire.

2560. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].

Mon cher ange, j’ai espéré de jour en jour de venir vous embrasser. Je ne vous ai point écrit, mais toutes mes lettres à Mme Denis ont été pour vous, et mon cœur vous écrivait toutes les postes. Il eût fallu faire des volumes pour vous instruire de tout, et ces volumes vous auraient paru les Mille et une Nuits. Mon cher ange, j’ai eu tant de choses à vous dire que je ne vous ai rien dit ; mais, dans tout ce tumulte, je vous ai envoyé Zulime. Jugez si je vous aime ; non que je croie que Zulime vaille Catilina, mais vous aimez cette femme ; je ne crois pas que vous ayez d’autre plaisir que celui de la lire. Il faut, pour jouer Zulime, une personne jeune et belle, qui ne s’enivre[2] pas.

J’espère vous embrasser bientôt. À mon départ de Syracuse, j’ai passé par d’autres cours de la Grèce, et je finirai par philosopher avec vous à Athènes.

Depuis trois mois je n’ai pas un moment à moi. Mon cœur sera à jamais à vous.


2561. — DE FREDERSDORFF, DE LA PART DU ROI DE PRUSSE,
au baron de freytag[3].
Potsdam, den 29 Mai 1753.

Hochwohlgeborner Herr Insonders hochgeehrter Herr Geheimder Kriegesrath,

Auf Euer Hochwohlgeboren abgelassenes an des Königs Majestät unter dem 22. Mai lassen Höchstdieselben allergnädigst wissen, dass, da der von Voltaire sich in Gotha einige Monate aufhalten wird, die aufgetragene Kommission ganz ruhig sein soll, bis der von Voltaire nach verflossener Zeit Frankfurt passiren wird, und da hoffentlich der Herr Hofrath Schmid gegen

  1. Voltaire n’était pas encore arrive à Francfort quand il écrivit cette lettre, datée de juin par erreur dans l’édition de Kehl ; elle doit être du 28 au 30 mai 1753. Voltaire était alors à Wabern (ou Warbern), chez Guillaume VIII, landgrave de Hesse-Cassel. (Cl.)
  2. Allusion à la Dumesnil, qui aimait le vin. (Cl.)
  3. Éditeur, Varnhagen von Ense.