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La Vallière en a marchandé une. Il n’y a point, encore une fois, de libraire qui ne s’attende à l’imprimer, et peut-être actuellement ce coquin de Grasset fait-il mettre sous presse la copie infâme et détestable qu’il a apportée. Je ne me fie point du tout à ses serments. J’ai sujet de tout craindre. En vérité, je me remercie de pouvoir travaillera notre Orphelin, dans des circonstances aussi cruelles ; mais vous m’aimez, vous me consolez ; il n’y a rien que vous ne fassiez de moi. Mme Denis vous fait mille tendres compliments. Elle mérite le petit mot par lequel j’ai terminé mon lac[1]. Adieu, mon cher ange ; mes respects à toute la société angélique.


2943. — À M. THIERIOT[2].
À Genève, 30 juin.

Il y a un paquet pour vous, mon ancien ami, chez M. Bouret. En récompense, instruisez-moi un peu de l’état de notre littérature, de ce qu’on dit de par le monde, et pardonnez au laconisme d’un malade qui a cinq magots de la Chine à polir. Je crois que si j’ai encore un sujet de tragédie à traiter, il faudra que je le prenne dans la lune. J’ai déjà un peu l’air d’y avoir fait un tour. En attendant, le malingre vous embrasse.


2944. — À MADAME DE FONTAINE,
à paris.
Aux Délices, 2 juillet.

Je vous écris, ma très-chère nièce, en faisant clouer au chevet de mon lit votre portrait et celui de votre fils. En vérité, voilà trois chefs-d’œuvre de votre façon qui me sont bien chers, vous, le petit d’Hornoy[3], et son pastel. Vous ne pouviez faire ni un plus joli enfant ni un plus joli portrait. Le vôtre est parfaitement ressemblant. Vous êtes un excellent peintre, et vous me consolez bien du portrait détestable que nous avions de vous. Je vous remercie bien tendrement de tous vos beaux ouvrages.

Quand viendrez-vous donc voir les lieux que vous avez déjà

  1. Voltaire désigne sa nièce sous le nom de l’Amitié, dans le 116e vers de l’Épître sur le lac de Genève.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Alexandre-Marie-François-de-Paule de Dompierre d’Hornoy, né à Abbeville le 23 juillet 1742, conseiller au parlement en 1763, président en 1780 ; mort en janvier 1828. La terre d’Hornoy est à huit lieues d’Amiens.