Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/422

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m’aurait dit qu’au bout de trente ans cette pauvre Mme du Châtelet me jouerait ce tour[1] ? Pour comble de bénédiction, on dit que je vous envoyais l’ouvrage afin de l’imprimer ; c’est bien assurément tout le contraire. Je ne sais plus comment m’y prendre. Ce n’est pas l’affaire d’un jour de faire copier tout cela. Tous mes scribes sont occupés à l’Orphelin de la Chine. Je tâche de faire ma cour à Sa Majesté tartaro-chinoise ; on dit que c’est un très-bon prince, et dont je serai fort content.

Je voudrais vous écrire de longues lettres, mais un pauvre malade, avec une Histoire gènérale sur les bras et trente ouvriers qui lui rompent la tête, n’est guère en état de parler longtemps à ses amis. C’est aux gens tranquilles, et qui ont un heureux loisir, à assister ceux qui n’en ont pas.

Érivez-moi, et aimez-moi ; je vous embrasse.


2955. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
22 juillet.

Voici encore, mon cher ange, une petite correction pour nos amis de la Chine. Vous savez que je suis sujet, depuis longtemps, à envoyer de petits papiers à coller. Les nouvelles de Jeanne ne sont pas bonnes : on l’a offerte pour cinq louis à M. de Ximenès, et à deux autres personnes. Thieriot-Trompette n’a point reçu l’exemplaire raisonnable que je lui avais adressé, et les détestables courent le monde ; la volonté du diable soit faite ! Je me recommande toujours à mes saints anges pour nos Chinois. Mme Denis vous fait les plus tendres compliments. Je vous embrasse tristement et tendrement.


2956. — À M. TRONCHIN, DE LYON[2].
de madame denis.
Délices, 25 juillet 1755.

Mme Mallet m’a assuré que nos voyageurs[3] seront de retour dans peu de temps. J’aurai un très-grand plaisir de les revoir. Nous avons envie de représenter une pièce que mon oncle vient de faire[4]. Nous faisons construire

  1. Voyez la lettre 2823.
  2. Revue suisse, 1855, page 279.
  3. Le conseiller et le docteur Tronchin.
  4. L’Orphelin de la Chine.