Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/425

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2960. — À. M. LEKAIN[1].

Mon grand acteur, voici un de vos admirateurs que je vous dépêche. L’Orphelin de la Chine est depuis longtemps entre les mains de M. d’Argental. Si vous voulez jouer cette pièce dès à présent, vous êtes le maître. J’en donne la rétribution aux acteurs en cas que vous commenciez par vous faire payer d’un bel habit sur cette rétribution. J’en donne le privilège au sieur Lambert, en cas qu’il fasse un petit présent au porteur.

J’espère que messieurs vos camarades voudront bien permettre qu’il vienne leur applaudir pendant qu’il sera à Paris. Je vous embrasse de tout mon cœur. Mme Denis vous fait bien ses compliments. V.


2961. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 28 juillet.

Je ne suis pas excessivement dans les Délices, mon cher et respectable ami ; toute cette aventure de Jeanne d’Arc est bien cruelle. Le porteur[2] vous remettra mon ancienne copie. Vous la trouverez assurément plus honnête, plus correcte, plus agréable, que les manuscrits qu’on vend publiquement. Je vous supplie d’en faire tirer une copie pour Mme de Fontaine, d’en laisser prendre une à Thieriot, et de permettre à vos amis qu’ils la fassent aussi copier pour eux. C’est le seul moyen de prévenir le péril dont je suis menacé. On s’est avisé de remplir toutes les lacunes de cet ouvrage, commencé il y a plus de trente années. On y a ajouté des tirades affreuses. Il y en a une contre le roi ; je l’ai vue. Cela est, à la vérité, composé par de la canaille, et fait pour être lu par la canaille. C’est :


· · · · · · · · · · · · · · · Dormir
À la Bourbon, la grasse matinée ;


c’est :


 
À ses Bourbons en pardonne bien d’autre.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Les Richelieu le nomment maquereau[3].

  1. Cette lettre, qui est sans date dans l’autographe, doit être de peu antérieure au 27 juillet 1755, jour où Colini, qui en était porteur, partit de Genève.
  2. Si le porteur de cette lettre fut Colini, comme Voltaire le dit n° 2964, elle doit être du 26 (et non du 28), puisque Colini dit être parti le 27.
  3. Voyez les variantes du chant Ier de la Pucelle.