Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/462

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mais gâté et falsifié, et qui veut vous le vendre cinquante louis, est quelque chose de tout à fait singulier, et qui a dû vous faire rire vous-même. Enfin vous savez à qui vous en prendre de tout cela ; vous ne soupçonnerez plus vos admirateurs et vos amis ; vous en avez envoyé des copies ici, qui pourront servir de pièces de comparaison. M. Thieriot en a une que je dois entendre ces jours-ci. Les honnêtes gens ne se tromperont pas aux différences ; et s’il y a des choses que l’on trouve que vous deviez changer, vous le ferez avec cette supériorité qui rend toujours les éditions faites sous vos yeux préférables aux autres.

M. Duverney a été enchanté, monsieur, de recevoir des témoignages de votre souvenir. Sa santé est assez bonne. Il ne passe plus que les étés seulement à Plaisance, et il y jouit d’un loisir qui serait encore plus philosophique s’il était moins homme d’État. Il vous enverra volontiers des ognons de tulipe : marquez-moi la manière de vous les faire parvenir ; il ne faut pas qu’il manque rien à un lieu dont vous faites vos délices.

Vous m’avez promis anciennement, et dans les moments heureux de ma liaison avec vous, que vous me procureriez mes entrées à la Comédie française par la présentation d’une de vos tragédies. Je vous rappelle cet engagement, et j’en prends acte pour la première que vous enverrez ; vous savez que je sais les lire.

M. de Croismaro vous fait mille compliments : il est du comité secret de vos amis à Paris, et mérite assurément à tous égards d’y tenir sa place. Ma mauvaise santé salue vos incommodités ; elle s’y intéresse, elle vous plaint. Je vous embrasse de tout mon cœur, et je vous renouvelle toujours avec un nouveau plaisir, mon cher ami, les aveux de mon attachement bien tendre et bien sincère.


3003. — À M. LEKAIN[1].
6 septembre.

Je vous suis très-obligé de votre souvenir, mon grand acteur, et du soin que vous prenez d’embellir votre rôle de Tartare. J’avais mis expressément, pour condition du présent que je fais à vos camarades, qu’on payerait les dépenses de votre habillement. J’avais écrit à M. le maréchal de Richelieu, en réponse à une de ses lettres, que j’aurais souhaité que M. Grandval eût joué Zamti, qui est un premier rôle, et que M. Sarrasin n’eût joué que par complaisance.

J’aurais désiré encore qu’on eût attendu, pour faire les petits changements jugés nécessaires, qu’on m’eût averti : on a substitué des vers qui ne sont pas français, et je ne crois pas que la pièce puisse aller loin.

Je vous prie de faire mes compliments et mes remerciements

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.