Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/48

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homme ordinaire de la chambre du roi de France, ne suis-je pas encore forcé de dire que, sans me parer jamais d’aucun titre, j’ai pourtant l’honneur d’avoir cette place, que Sa Majesté le roi mon maître ma conservée ?

Lorsqu’on m’attaque sur ma naissance, ne dois-je pas à ma famille de répondre que je suis né égal à ceux qui ont la même place que moi ; et que si j’ai parlé sur cet article avec la modestie convenable[1], c’est parce que cette même place a été occupée autrefois par les Montmorency et par les Chàtillon ?

Lorsqu’on imprime qu’un souverain m’a dit : « Je vous conserve votre pension, et je vous défends de paraître devant moi », je réponds que celui qui a avancé cette sottise en a menti impudemment.

Lorsqu’on voit dans les feuilles périodiques que c’est moi qui ai fait imprimer les Variantes de la Henriade sous le nom de M. Marmontel, n’est-il pas encore de mon devoir d’avertir que cela n’est pas vrai ; que M. Marmontel a fait une Préface à la tête d’une des éditions de la Henriade, et que c’est M. l’abbé Lenglet-Dufresnoi qui avait fait imprimer les Variantes auparavant, à Paris, chez Gandouin ?

Lorsqu’on imprime que je suis l’auteur de je ne sais quel livre intitulé des Beautés de la langue française[2], je réponds que je ne l’ai jamais lu, et j’en dis autant sur toutes les impertinentes pièces que des écrivains inconnus font courir sous mon nom, qui est trop connu.

Lorsqu’on imprime une prétendue lettre de feu milord Tyrconnell, je suis obligé de donner un démenti formel au calomniateur ; et, puisqu’il débite ces pauvretés pour gagner quelque argent, je déclare, moi, que je suis prêt de lui faire l’aumône pour le reste de sa vie en cas qu’il puisse prouver un seul des faits qu’il avance.

Lorsqu’on imprime que l’on doit s’attendre que j’écrirai contre les ouvrages d’un auteur respectable à qui je serai attaché jusqu’au dernier moment de ma vie, je réponds que, jusqu’ici, on n’a calomnié que pour le passé, et jamais pour l’avenir ; que c’est trop exalter son âme, et que je ferai repentir le premier impudent qui oserait écrire contre l’homme vénérable dont il est question.

  1. Voyez tome XXIII, page 61.
  2. Connaissance des beautés et des défauts de la poësie et de l’éloquence dans la langue française ; voyez tome XXIII, page 327.