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pour l’intérêt de tous les gens de lettres. L’injustice de ceux qui m’ont accusé moi-même en France d’avoir favorisé la publication de cet ouvrage a été pour moi un nouveau sujet de chagrin et un nouveau motif de faire connaître la vérité ; et, puisqu’on abuse publiquement de mon nom, c’est au public que je dois m’en plaindre. On m’avertit que les libraires de Hollande continuent ce brigandage, et qu’ils ont imprimé encore sous mon nom la Pucelle d’Orléans. Tout ce que je puis faire, c’est de redoubler mes justes plaintes. Je suis persuadé, monsieur, que vous entrez dans ma peine, puisque vous m’écrivez sur un sujet si triste. Me serait-il permis, monsieur, de vous prier d’ajouter une bonté à l’attention que vous avez eue de m’écrire ? Ce serait de présenter, dans l’occasion, mes respects à Son Altesse monseigneur le prince Charles de Lorraine. J’ai eu l’honneur, autrefois, de lui faire ma cour à Lunéville. Leurs Majestés l’empereur son frère et l’impératrice m’ont daigné honorer quelquefois des marques de leur générosité. Ainsi je me flatte que Son Altesse royale ne trouverait pas mauvais que je prisse la liberté de l’assurer de ma vénération et de mon attachement pour sa personne. Je ne peux finir sans vous répéter combien je suis sensible au soin prévenant que vous avez pris. J’ai l’honneur, monsieur, d’être, avec les sentiments que je vous dois, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.
gentilhomme ordinaire de la chambre du roi très-chrétien.

3043. — À MADEMOISELLE CLAIRON.
Aux Délices, 25 octobre.

On me mande qu’on rejoue à Paris cette pièce[1] dont vous faites tout le succès. Le triste état de ma santé m’a empêché de travailler à rendre cet ouvrage moins indigne de vous. Je ne peux rien faire, mais vous pouvez retrancher. On m’a parlé de quatre vers que vous récitez à la fin du quatrième acte :


Cependant de Gengis j’irrite la furie ;
Je te laisse en ses mains, je lui livre ta vie ;
Mais, mon devoir rempli, je m’immole après toi ;
Cher époux, en parlant, je t’en donne ma foi.


Je vous demande en grâce, mademoiselle, de supprimer ces

  1. L’Orphelin de la Chine ; voyez tome V.