Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome38.djvu/550

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eu moyen de venir vous voir. Il est vrai que, ne pouvant dormir, je me suis avisé de veiller ; mais cela ne me sied pas, et j’en suis un peu puni. Je vous remercie, mon charmant confrère, de la complaisance d’Esculape ; c’est à vous que j’en ai l’obligation. Toute la tribu Tronchin est bienfaisante. Présentez, je vous en supplie, au docte docteur, au plus aimable des hommes, les sentiments de ma tendre reconnaissance. Est-il vrai que le landgrave de Hesse a mis son fils catholique aux arrêts ? Le voilà confesseur et martyr. La nouvelle de la lettre de M. Rouillé[1] à lui renvoyée bien proprement recachetée est-elle bien vraie ? La guerre est donc sérieuse. Je voudrais que le tremblement de terre eût englouti cette misérable Acadie, au lieu de Lisbonne et de Méquinez.


3105. — À M. PICTET,
professeur en droit.
Monrion, 29 janvier.

En vous remerciant, mon cher professeur, très-tendrement de votre souvenir, et très-tristement des nouvelles publiques. Le diable est déchaîné sur terre et sur mer. Laissons-le faire, et vivons tranquilles au bord de notre lac. Vous me ferez grand plaisir de m’apprendre les nouvelles sottises de ce bas monde, et encore plus de me mander que vous et votre aimable famille vivez heureux et tranquilles.

Quand je suis à Nyon[2], je voudrais marier à Nyon certains grands yeux noirs, certaine belle âme[3] logée dans un corps droit comme un jonc. Quand je suis à Lausanne, je voudrais la marier à Lausanne ; et, lorsque je suis aux Délices, je lui souhaite un conjoint de Genève. Madame sa mère est bien regrettée ici. Nous n’avions qu’un chagrin : c’était de ne vous point avoir à Monrion.

Je pense que Mme Pictet a eu la bonté de parler de foin et d’avoine ; j’en suis honteux ; je la remercie. Colombier nous offre du foin ; je ne m’en soucie guère. Totus familiæ servus.

  1. Ministre des affaires étrangères.
  2. Le château de Prangins est en avant de Nyon.
  3. Mlle Lolotte Pictet, à laquelle est adressé le billet no 3141