çons pourrait-il avoir après les serments de sa fille ? Vous tueriez ma pièce si vous ôtiez
Elle m’a plus coûté que vous ne pouvez croire.
Je sais bien qu’il y aura quelques mouvements au cinquième acte parmi les malintentionnés du parterre ; mais je vous réponds que le receveur de la Comédie sera très-content de la pièce. Laissons dire Fréron et l’avocat Coquelet[1], son approbateur, et les soldats de Corbulon[2], s’il y en a encore, et qu’on sonne le bouteselle.
Mille tendres respects. Je ne sais point la demeure de M. le chevalier de Chastellux ; je prends la liberté de vous adresser la lettre.
Les plus importantes affaires de ce monde, sans doute, sont des tragédies, car elles poursuivent l’âme le jour et la nuit. Ma première idée, quand on veut m’ôter un vers que j’aime, c’est de murmurer et de gronder ; la seconde, c’est de me rendre, J’aimais ce vers :
Elle n’a plus coûté que vous ne pouvez croire[3] ;
mais il était six heures du matin ; et, actuellement qu’il en est
huit, j’aime mieux celui-ci :
Me dompter en tout temps est mon sort et ma gloire.
Ainsi donc, mes anges, n’en croyez point mes deux paquets qui
sont partis ce matin ; croyez ce billet-ci qui court après. Je vous
demande bien pardon, mes anges, de vous donner tant de peine
pour si peu de chose[4].
Si Mlle Durancy entend, comme je le crois, le grand art des silences ; si elle sait dire de ces non qui veulent dire oui ; si elle sait accompagner une cruauté d’un soupir, et démentir quelquefois ses paroles, je réponds du succès ; sinon je réponds des sif-
- ↑ Ou plutot Coqueley ; voyez la lettre à Coqueley du 24 avril.
- ↑ Les partisans de Crébillon ; voyez la note, tome XXXVII, page 406.
- ↑ Je ne sais à quelle scène ce vers appartient. (B.)
- ↑ Dans Beuchot on trouve ici des phrases qui appartiennent à la lettre précédente.