Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/144

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pourquoi ce qui nous fait répandre des larmes serait mal reçu chez vous.

Je vous ai envoyé quelques changements, et je me flatte que vous en avez fait usage. En voici encore un au quatrième acte[1], dans lequel Indatire a nécessairement trop raison contre Athamare. Je fortifie votre rôle autant que la situation le permet ; c’est après ce vers d’Indatire :

À servir sous un maître on me verrait descendre !

athamare.

Va, l’honneur de servir un maître généreux,
Qui met un digne prix aux exploits belliqueux,
Vaut mieux que de ramper dans une république
Insensible au mérite, et même tyrannique.
Tu peux prétendre à tout en marchant sous ma loi.
J’ai parmi, etc.

Il faut encore, mon cher ami, que je vous dise que si, dans la scène entre Obéide et son père, au cinquième acte, il y a encore quelques longueurs, il faudra retrancher les quatre vers d’Obéide :

Une invincible loi me tient sous son empire[2], etc.


Mais j’avoue que je les supprimerais à regret. Encore une fois laissez dire les critiques de cabinet, et rapportez-vous-en à l’effet que fait la pièce au théâtre ; il n’y a point de meilleur juge.

6769. — À M. CHRISTIN.
25 février.

Mon cher avocat philosophe, il y a plus de cent lieues malheureusement de Saint-Claude à Ferney, et le chemin ne s’accourcira pas de sitôt. On dit que vous avez reçu pour moi un gros paquet de livres d’envoi de ce pauvre Fantet ; je vous supplie de l’ouvrir, de lui renvoyer sa Matière médicale en dix volumes, dont je n’ai que faire : il y a là de quoi empoisonner un royaume. Je me contente de ma casse, et je ne veux pas d’autre remède.

Je vous envoie six exemplaires de la deuxième édition du

  1. Scène ii.
  2. Ils n’ont pas été retranchés ; voyez tome VI, page 325.