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CORRESPONDANCE.

plice de l’Écossaise, sont les seules de ce polisson que j’aie jamais lues. Je vous avoue que je ne conçus pas comment on permettait de si infâmes impostures. Un homme très-considérable me répondit que l’excès du mépris qu’on avait pour lui l’avait sauvé, et qu’on ne prend pas garde aux discours de la canaille. Je trouve cette réponse fort mauvaise, et je ne vois pas qu’un délit doive être toléré, uniquement parce qu’on en méprise l’auteur.

Voilà mes sentiments, monsieur ; ils sont aussi vrais que la douleur où je suis de vous avoir cru coupable, et que l’estime respectueuse avec laquelle j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre, etc.

6856. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
24 avril.

Mon divin ange, je ne puis empêcher la foule des éditions qu’on fait de ces pauvres Scythes, et tout ce que je puis faire, c’est de fournir quelques changements pour les rendre plus tolérables. Je ne doute pas qu’après y avoir réfléchi vous ne sentiez combien une scène d’Obéide au premier acte serait inutile et froide ; un monologue d’Obéide, au commencement du second acte, serait encore pis. Il y a sans doute beaucoup plus d’art à développer son amour par degrés ; j’y ai mis toutes les nuances que ma faible palette m’a pu fournir.

Je vous prie de vouloir bien faire corriger deux vers à la fin du quatrième acte ; j’ôte ces trois-ci :

Où suis-je ? Qu’a-t-il dit ? Où me vois-je réduite ?
Dans quel abîme affreux, hélas ! l’ai-je conduite ?
Viens, je t’expliquerai ce mystère odieux ;


et je mets à la place :

OBÉIDE.

Qu’a-t-il dit ? Que veut-on de cette infortunée ?
mon père ! en quels lieux m’avez-vous amenée ?

SOZAME.

Pourrai-je t’expliquer ce mystère odieux ? etc.

Je vous enverrai incessamment une édition bien complète, qui vous épargnera toutes les importunités dont je vous accable, et dont je vous demande pardon.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.