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CORRESPONDANCE.

il y aura des guerres ou des bruits de guerre, fuyez aux montagnes.

Intérim vale, et me ama.

6878. — DE M. LE COMTE DE WORONCEW
à M. ***[1].
La Haye, le 10 mai et 29 avril 1767.

Monsieur, Votre Excellence me permettra de l’incommoder relativement à deux lettres de M. de Voltaire écrites à moi, par lesquelles elle verra tout le respect dont cet auteur est rempli pour la personne sacrée de l’impératrice, et combien il admire tout ce qu’elle a fait de grand depuis que nous avons le bonheur de l’avoir sur le trône. Elle voudra bien se charger de ne pas laisser ignorer à Sa Majesté impériale les sentiments qu’elle a su si bien inspirer non-seulement à ses sujets, mais même aux étrangers.

M. de Voltaire m’a envoyé à cette occasion une brochure Sur les panégyriques, où il est beaucoup question de celle qui y fournit plus de matière que tous ceux que l’évêque de Meaux a célébrés avec tant d’éloquence. Quoique M. de Voltaire dit que la pièce lui a été envoyée de Suisse, autant que je puis m’y connaître, elle est de lui : on y reconnaît son style et sa tournure d’esprit. Votre Excellence m’obligera si, en rendant compte de cette pièce à l’impératrice, elle veut bien me mettre à même de dire, à l’auteur quelque chose d’obligeant, ne doutant pas que cet envoi fait à moi n’ait été dans l’intention afin que ça puisse aller à la connaissance de Sa Majesté impériale. J’oserai la supplier encore de vouloir bien (après qu’elle aura fait l’usage nécessaire des deux lettres que M. de Voltaire m’a écrites) me les renvoyer ici, ayant l’honneur d’être avec le respect le plus profond et l’attachement le plus inviolable, monsieur, de Votre Excellence le très-humble et très-obéissant serviteur.

Comte de Woroncew.

On lit en marge : Voltaire lui-même m’a envoyé ces pièces, et je l’en ai déjà remercié.

6879. — DE M. D’ALEMBERT.
À Paris, ce 12 mai.

Je crois, mon cher maître, vous avoir parlé, dans ma dernière lettre[2], d’une liste de propositions que la Sorbonne a extraites de Bélisaire pour les condamner, liste qui est le comble de l’atrocité et de la bêtise. Cette

  1. Collection de Documents, Mémoires et Correspondances relatifs à l’histoire de l’empire de Russie, tome X, page 181.
  2. 6873.