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CORRESPONDANCE.

obligé, on conscience, de prendre la Défense de son oncle[1] ; c’est un nommé Larcher qui a composé cette savante rapsodie sous les yeux du syndic de la Sorbonne, Biballier, principal du collège Mazarin. Je connais le neveu de l’abbé Bazin : il est goguenard comme son oncle ; il prend le sieur Larcher pour son prétexte, et il fait des excursions partout. Il n’est pas assez sot pour se défendre ; il sait qu’il faut toujours établir le siège de la guerre dans le pays ennemi.

Ne vous ai-je pas mandé que le roi de Prusse avait donné une enseigne au camarade du chevalier de La Barre, condamné par messieurs, dans le XVIIIe siècle, à être brûlé vif pour avoir chanté deux chansons de corps de garde, et pour n’avoir pas salué des capucins ?

Est-il vrai que Diderot a fait un roman intitulé l’Homme sauvage[2] ?

Si cet homme sauvage est sot, pédant et barbare, nous connaissons l’original[3].

Tout ce qui est chez nous vous fait les plus tendres compliments ; nous ne sommes, en vérité, ni sauvages, ni barbares.

6917. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
20 juin.

Mon cher ange se trouve-t-il mieux de son régime ? Peut-on avoir une humeur dartreuse, et avoir l’humeur si douce ? Donnez-moi votre secret, car je suis insupportable quand je souffre. Je me tapis dans ma cellule, j’y suis inaccessible ; je ne vois ni les frères de mon couvent, ni nos commandants, ni nos inspecteurs, ni les officiers, hauts de six pieds, qui viennent remplir mon château, que j’avais bâti pour vivre en retraite.

Je me flatte que vous avez bien voulu instruire M. de Thibouville et Lekain des articles qui étaient pour eux dans ma précédente lettre[4].

J’avais pris la liberté de vous adresser, il y a environ un mois, une lettre[5] pour M. de Belloy, dans laquelle il y avait de petits vers en réponse à une belle et longue épître dont il m’avait gratifié.

  1. Voyez tome XXVI, page 367.
  2. 1767. in-12. Cet ouvrage est de Mercier, auteur du Tableau de Paris.
  3. J.-J. Rousseau.
  4. Celle du 10 juin, n° 6911.
  5. Celle du 21 mai, n° 6891.