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ANNÉE 1767

die infâme de Larcher permettront une réponse honnête[1]. Ils le doivent d’autant plus que ce Larcher s’appuie de l’autorité de l’hérétique Warburton, qui a scandalisé toutes les Églises de la chrétienté en voulant prouver que les Juifs ne connurent jamais l’immortalité de l’âme, et en voulant prouver que cette ignorance même imprimait le caractère de la divinité à la révélation de Moïse. Au reste, je doute fort que les gens du monde lisent tous ces fatras. On ne peut guère faire naître des fleurs au milieu de tant de chardons.

J’ai dû vous mander déjà qu’on a lu avec beaucoup de satisfaction l’ouvrage du bachelier sur les Trente-sept Propositions de Bélisaire[2]. Ce bachelier paraît orthodoxe, et, qui plus est, de bonne compagnie.

Voilà donc Jean-Jacques à Wesel ! Il n’y tiendra pas ; il n’y a que des soldats ; mais il ira souvent en Hollande, où il fera imprimer toutes ses rêveries. On parle d’un roman intitulé l’Homme sauvage[3] ; on l’attribue à un de vos amis. Je vous supplie de vouloir bien me l’envoyer par la voie dont vous vous servez ordinairement.

Adieu, monsieur ; toute ma famille vous fait les plus sincères et les plus tendres compliments.

Boursier.
6921. — À M. LE COMTE DE FÉKÉTÉ[4].
24 juin.

Celui qui a été assez heureux pour recevoir du noble inconnu un recueil de vers pleins d’esprit et de grâces présente sa respectueuse estime à l’auteur de tant de jolies choses. Il admire comment l’inconnu peut écrire si bien dans une langue étrangère. Il admire encore plus la générosité de son cœur. On serait heureux de pouvoir jouir de la conversation d’un jeune homme d’un mérite si rare. On n’ose pas s’en flatter, on connaît quels

  1. La Défense de mon oncle ; voyez tome XXVI, page 367.
  2. Voyez lettre 6885.
  3. Voyez une note sur la lettre 6916.
  4. Le comte George de Fékété de Galantha, vice-chancelier de Hongrie, etc., a fait imprimer dans sa patrie, en 1781, deux volumes in-12, intitulés Mes Rapsodies, ou Recueil de différents essais de vers et de prose. Paul Wallaszky, auteur du Conspectus reipublicæ litterariæ in Hungaria, deuxième édition, 1808, in-8°, n’indique ni la naissance ni la mort de Fékété. (B.) — C’est à Fékété que sont adressées les lettres 6976, 7052, et trois autres des années 1768 et 1769.