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CORRESPONDANCE.

et qu’il y a près de deux cents personnes en prison à Bordeaux pour cette fatale aventure, qui a retardé l’arrivée de M. le maréchal de Richelieu à Paris. C’est dans ces circonstances odieuses que l’infâme La Beaumelle m’a fait écrire des lettres anonymes. J’ai été forcé d’envoyer aux ministres le mémoire ci-joint[1].

C’est du moins une consolation pour moi d’avoir à défendre la mémoire de Louis XIV et l’honneur de la famille royale, en prenant la juste défense de moi-même contre un scélérat audacieux, aussi ignorant qu’insensé. J’ai toujours été persuadé qu’il faut mépriser les critiques, mais que c’est un devoir de réfuter la calomnie. Au reste, j’ai mauvaise opinion de l’affaire des Sirven. Je doute toujours qu’on fasse un passe-droit au parlement de Toulouse en faveur des protestants, tandis qu’ils se rendent si coupables, ou du moins si suspects. Tout cela est fort triste : les philosophes ont besoin de constance.

Adieu, mon cher ami ; je n’ai pas un moment à moi, je fais la guerre en mourant. Aimez-moi toujours, et fortifiez-moi contre les méchants.

6937, — À M. BORDES[2].
13 juillet.

Je trouve, mon cher confrère, vos critiques[3] très-justes. Faites-vous un ami propre à vous censurer.

Je vous remercie autant que je vous aime. Que dites-vous de La Beaumelle ? Est-ce ainsi, bon Dieu, que sont faits les gens de lettres ! Voilà mes ennemis, depuis l’abbé Desfontaines.

Vous y consentez tous me paraît nécessaire, et a été très-bien reçu, ainsi que tout le cinquième acte.

Continuez-moi vos bontés.

6938. — À M. LE COMTE DE WARGEMONT[4].
À Ferney, 13 juillet.

Je suis pénétré, monsieur, des attentions et des bontés dont vous m’honorez. Il est bien rare qu’on se souvienne à Paris des

  1. Celui qui est tome XXVI, page 355.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Sur les Scythes.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.