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ANNÉE 1767

d’être utile. Le règne de l’érudition à laquelle il vise est passé, et le plus sûr à tous égards est de ne pas fonder son existence sur la littérature. D’ailleurs si M. le maréchal de Richelieu veut faire du bien à ce jeune homme, il l’enrichira en lui donnant dès à présent une petite pension.

Mme Denis vous dira, monsieur, que la troupe de Prégny[1] a fait merveille. Je suis fâché que vous n’ayez pas pu voir cette fête. Vous y auriez trouvé de la jeunesse, que vous ne craignez point, et beaucoup de gens qui vous aiment autant qu’ils vous admirent.

6972. — À M. HENNIN.
9 auguste ; aoust est bien welche.

Ma foi, monsieur, je crois que vous faites une bonne acquisition. Vous formerez ce jeune homme, il sera ad nu tus promptus heriles[2]. Je vais écrire à M. le maréchal de Richelieu. Je suis d’ailleurs à vos ordres comme Galien, et comme toute notre maison, et comme tout le pays ; c’est-à-dire que vous avez mon cœur.

6973. — À M. D’ALEMBERT.
10 auguste.

Mon cher philosophe saura que le maudit libraire n’a point voulu se charger de la seconde édition de la Destruction des prêtres de Baal[3]. Il dit qu’on lui saisit une partie de la première à Lyon, qu’il ne veut pas en risquer une seconde ; que personne ne s’intéresse plus à l’humiliation des prêtres de Baal ; et il n’a point encore rendu l’exemplaire corrigé qu’on lui avait remis : l’interruption du commerce désespère tout le monde.

Riballier, Larcher et Coger, sont trois têtes du collège Mazarin dans un bonnet d’âne. Ce sont les troupes légères de la Sorbonne ; il faut crier : Point de Mazarin !

Warburton est un fort insolent évêque hérétique, auquel on ne peut répondre que par des injures catholiques. Les Anglais n’entendent pas la plaisanterie fine ; la musique douce n’est pas faite pour eux ; il leur faut des trompettes et des tambours.

Je fais la guerre à droite, à gauche. Je charge mon fusil de sel avec les uns, et de grosses balles avec les autres. Je me bats

  1. Dans la maison de campagne de M. Sales, où on avait joué la comédie.
  2. Horace dit, livre II, épître ii, vers 6 :

    Ad nutus aptus heriles.

  3. L’ouvrage de d’Alembert Sur la Destruction des jésuites.