Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
354
CORRESPONDANCE.
6986. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney. 17 auguste.

Celle-ci, monseigneur, est bien autant pour le premier gentilhomme de la chambre que pour le souverain d’Aquitaine. Je mets à vos pieds deux exemplaires des Scythes, de l’édition de Lyon ; l’un pour vous, et l’autre pour votre troupe de Bordeaux. Cette édition est, sans contredit, la meilleure. Les Scythes se recommandent à votre protection pour Fontainebleau. J’avoue que nous avons de meilleurs acteurs que le roi. M. le comte de Coigny, M. le chevalier de Jaucourt, et M. de Melfort, en sont bien étonnés. Il ne tiendrait qu’à vous d’en avoir d’aussi bons, si vous pouviez faire effacer la note d’infamie qu’un sot préjugé attache encore à des talents précieux et rares.

M. Hennin, résident du roi à Genève, a dû avoir l’honneur de vous écrire sur Galien. Il m’en paraît content ; il espère le former : cette place est bonne. Les passe-ports et les certificats de vie des Genevois vaudront au moins à Galien mille francs par an. Je donnerai les dix louis d’or en question, sur le premier ordre que je recevrai de vous. Vous me permettez de ne pas vous écrire de ma main quand ma détestable santé me tient sur le grabat : c’est l’état où je suis aujourd’hui, avec la résignation convenable, et avec le plus tendre et le plus respectueux attachement.

6987. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Ferney, 18 auguste.

Bénis soient Dieu et mes anges ! Puisque Mme d’Argental se porte mieux, je suis assez hardi pour envoyer deux exemplaires des Scythes. Je n’en envoie que deux, pour ne pas trop grossir le paquet. J’en ai adressé quatre à M. le duc de Praslin, et trois à M. le duc de Choiseul. J’en ferai venir tant qu’on voudra ; on n’a qu’à commander.

Dès que Mme d’Argental sera en pleine convalescence, et qu’elle pourra s’amuser de balivernes, adressez-vous à moi, je vous amuserai sur-le-champ : cela est plus nécessaire que des juleps de cresson. Elle a essuyé là une furieuse secousse. Pour moi, je ne sais pas comment je suis en vie, avec ma maigreur, qui se soutient toujours, et mon climat, qui change quatre fois