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CORRESPONDANCE.

Comment puis-je faire parvenir à cette dame son Tout se dira et son Il est temps de parler[1] ?

J’ai été bien content de M. le comte de Coigny ; il y a peu de gens de son espèce et de son âge aussi aimables et aussi instruits.

Adieu ; le pauvre malade n’a que le temps de vous dire combien il vous aime.

6999. — À M. VERNES.
1er septembre.

Voici, monsieur, les paroles de Sanchoniathon : « Ces choses sont écrites dans la Cosmogonie de Thaut, dans ses mémoires, et tirées des conjectures et des instructions qu’il nous a laissées. C’est lui qui nomma les vents du septentrion et du midi, etc… Ces premiers hommes consacrèrent les plantes que la terre avait produites : ils les jugèrent divines, et vénérèrent ce qui soutenait leur vie, celle de leur postérité et de leurs ancêtres, etc. »

Au reste, mon cher monsieur, il se pourrait très-bien que Sanchoniathon eût dit une sottise, ainsi que des gens venus après lui en ont dit d’énormes.

L’affaire des Sirven n’a pu être encore rapportée, parce que M. d’Ormesson[2] a été malade : du moins on donne cette excuse, mais il se pourrait bien que le crédit des ennemis en fût la véritable raison. La malheureuse aventure de Sainte-Foy sur les frontières du Périgord, vingt-quatre pauvres diables de huguenots décrétés, le fatal édit de 1724 renouvelé dans le Languedoc[3], et enfin le malheur de Sirven, qui n’a point de jolie fille pour intéresser les Parisiens, tout cela pourrait nuire à la cause de cet infortuné.

Je vous envoie, mon cher philosophe huguenot, une petite Philippique[4] que j’ai été obligé de faire. L’ami La Beaumelle s’en est mal trouvé. Le commandant de la province l’a un peu menacé, de la part du roi, du cachot qu’il mérite. Je suis très--

  1. Ouvrages de jésuites.
  2. Louis-François de Paule Lefèvre d’Ormesson de Noyseau était président au parlement depuis 1788 ; il devint premier président en 1788, et mourut le 2 février 1789. Le chevalier de La Barre était de sa famille ; voyez tome XXV, page 504.
  3. L’édit du 14 mai 1724 défendait aux protestants, sous les peines les plus graves, l’exercice de leur religion, leur ordonnait de faire élever leurs enfants dans la religion catholique, etc., etc. (B.)
  4. Le Mémoire qui est tome XXVI, page 355.