Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/409

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
399
ANNÉE 1767

[1]P. S. Une assez longue maladie ne m’a pas permis encore de lire le nouveau livre dont vous me faites l’honneur de me parler ; mais j’en ai grande opinion, puisque vous l’approuvez[2].

7040. — À M. DAMILAVILLE.
9 octobre.

Mon cher ami, je n’ai point encore de nouvelles de Marmontel. Je m’imagine qu’il est occupé de son triomphe[3] ; mais le pauvre Bret, son approbateur, reste toujours interdit. On commença donc par en croire les Riballier et les Goger, et on finit par bafouer la Sorbonne et les pédants du collège Mazarin, sans pourtant rendre justice à M. Marmontel ni à l’approbateur. Ainsi les gens de lettres sont toujours écrasés, soit qu’ils aient tort, soit qu’ils aient raison.

Voici la réponse[4] que j’ai jugé à propos de faire a ce Coger, qui m’impute le Dictionnaire philosophique ; il m’est important de détromper certaines personnes. Vous ne savez pas ce qui se passe dans les bureaux des ministres, et même dans le cabinet du roi, et je sais ce qui s’y est passé à mon égard.

Tandis que vous imprimez l’Éloge d’Henri IV, sous le nom de Charlot[5], on l’a rejoué à Ferney mieux qu’on ne le jouera jamais à la Comédie. Mme Denis m’a donné, en présence du régiment de Conti et de toute la province, la plus agréable fête que j’aie jamais vue. Les princes peuvent en donner de plus magnifiques, mais il n’y a pas de souverain qui en puisse donner de plus ingénieuse.

Je vous supplie, mon cher ami, de donner à Thieriot les rogatons de vers[6] qui sont dans le paquet : cela peut servir à sa correspondance.

Va-t-on entamer l’affaire des Sirven à Fontainebleau ? Puis-je en être sûr ? car je ne voudrais pas fatiguer M. Chardon d’une lettre inutile.

Ma santé va toujours en empirant, et je suis bien inquiet de la vôtre. Adieu, mon cher ami ; nous savons tous deux combien la vie est peu de chose, et combien les hommes sont méchants.

  1. Ce post-scriptum est de la main de Voltaire.
  2. M. G. Avenel a placé ici au 8 octobre 1767, au nom du marquis de Thibouville, la lettre à Mlle Clairon, n° 6531.
  3. Le gouvernement venait d’arrêter la censure de la Sorbonne et le mandement de l’archevêque de Paris contre Bélisaire.
  4. La lettre 6955.
  5. Voyez tome VI, page 341.
  6. Probablement la Prophétie de la Sorbonne ; voyez tome XXVI, page 527.