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CORRESPONDANCE.

Quelque titre que vous preniez, monsieur, je chérirai jusqu’au dernier moment de ma vie celui de votre très-humble, très-obéissant, très-attaché et très-reconnaissant serviteur.

7053. — À M. DUPONT.
À Ferney, 24 octobre.

Mon cher ami, je reçois votre lettre du 18. Je commence par les plus sincères et les plus tendres remerciements ; je vous dirai ensuite que si le juste soin d’assurer mes droits faisait quelque bruit en Alsace et en Souabe, ce serait tant pis pour la cour de Wurtemberg, qui ne paye pas ses dettes.

J’ai été forcé d’envoyer un avocat de mes amis en Franche-Comté pour assurer mes créances, et je me flatte que vous voudrez bien faire pour moi dans le district de Colmar ce qu’il a fait dans celui de Besançon.

Il y a longtemps que j’ai prévenu votre conseil, en écrivant à M. le duc de Wurtemberg les lettres les plus pressantes, auxquelles il n’a pas seulement fait réponse. Il faut absolument mettre cette affaire en règle, et forcer la chambre des finances de Montbéliard à me donner des délégations irrévocables sur des fermiers que je puisse contraindre. Je vous répète que j’ai cent personnes à nourrir, et que cette dépense journalière ne permet aucun ménagement.

Je crois qu’on peut faire saisir les revenus des terres en Alsace, sans faire une saisie réelle ; je m’en rapporte à vos lumières sur cette formalité.

Il aurait été bien convenable et bien utile que les lois eussent donné autant de force à la copie authentique d’un contrat qu’à la grosse : car cette grosse peut se perdre par mille accidents, par le feu, par la guerre, par la négligence d’un héritier, par la mauvaise foi d’un homme d’affaires. Il aurait donc fallu, pour prévenir tant d’inconvénients, ordonner qu’on délivrât deux grosses, comme les banquiers délivrent deux lettres de change pour la même somme, les deux lettres ne valant que pour une.

Je vous supplie de remarquer surtout que je n’ai point de grosse de contrat pour les engagements précédents de M. le duc de Wurtemberg en 1752 et 1753. Ces objets sont considérables ; ils montent à soixante-dix mille écus d’Allemagne.

Je crois vous avoir mandé, mon cher ami, que j’ai remis entre les mains de mon avocat de Franche-Comté le contrat de