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ANNÉE 1767.

Tronchin l’a quittée, et qu’elle est abandonnée des médecins, elle est à l’agonie. Les autres citoyens ne se portent guère mieux ; leur petite convulsion dure toujours. Il sera fort aisé de leur donner des lois, et impossible de leur donner la paix. Heureux qui se tient paisiblement dans son château ! Il me paraît que ma belle philosophe prend ce parti neuf mois de l’année ; ainsi je me tiens d’un quart plus philosophe qu’elle ; mais elle est faite pour Paris, et moi je ne suis plus fait que pour la retraite.

Je suis bien respectueusement, véritablement, tendrement attaché à ma belle philosophe.

7072. — À M. LE CHEVALIER DE TAULÈS.
À Ferney, 20 novembre.

Le zèle de M. de Barrau[1] s’est bien ralenti ; il m’avait instruit autrefois, et il m’avait promis de m’instruire encore. Faudra-t-il que je m’en tienne aux mémoires de Torcy sur ce singulier traité entre Louis XIV et Léopold, qui dut être déposé entre les mains du grand-duc ? M. de Barrau laissera-t-il son ouvrage imparfait ? Quand on a fait un enfant, il faut le nourrir et le vêtir. J’ai recours aux bontés de M. de Barrau, et je le somme de ses promesses.

Les plates tracasseries de Genève peuvent bien être sacrifiées au cabinet de Louis XIV.

C’est bien dommage que M. de Torcy n’ait pas écrit des mémoires sur tout son ministère ; c’est un homme plein de candeur.

Si M. de Barrau veut, avec la même candeur, me continuer ses bontés, la vérité et moi nous lui en aurons grande obligation.

Voltaire.
7073. — À M. DE CHABANON.
À Ferney, 20 novembre.

Vous êtes assurément un plus aimable enfant que je ne suis un aimable papa ; c’est ce que toutes les dames vous certifieront, depuis les portes de Genève jusqu’à Ferney. Vous allez faire à

  1. C’était sous ce nom que Taulès avait envoyé à Voltaire des remarques sur le Siècle de Louis XIV.