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CORRESPONDANCE.
7164. — À M. DAMILAVILLE.
3 février,

Mon cher ami, je reçois votre consolante lettre du 27 janvier. J’écris à M. le duc de Choiseul et à M. le duc de Praslin. Vous croyez bien que je n’oublie pas M. Chardon.

Mais ne réussirez-vous que dans les affaires des autres, et ne vous rendra-t-on point justice quand vous la faites rendre ? Vous ne me parlez que de Sirven, et vous ne me dites rien de vous. Il ne faudra pas manquer de faire répéter aux échos le jugement du procès des Sirven quand il sera rendu. Je vous avoue que je voudrais bien avoir le discours de M. Chardon, mais je n’ose le lui demander.

Je lui avais fourni une bonne pièce que, sans doute, il aura bien fait valoir : c’est une apologie de l’abominable arrêt de Toulouse contre les Calas : cette apologie insulte les maîtres des requêtes qui cassèrent l’arrêt : elle est faite par un conseiller du parlement. On ne pouvait mieux nous servir. Ces gens-là ont amassé des charbons ardents sur leur tête.

Il me vient une idée : seriez-vous homme à échanger la place que vous devez avoir à Paris contre une place au pays de Gex qui n’exigerait aucun soin ? Je crois que cette place vaut environ quatre mille livres de revenu. En ce cas, il faudrait que celui qui aurait à Paris votre emploi vous fît une pension considérable, et que cette pension vous fût assignée sur l’emploi même, et non sur le titulaire, comme on a une pension sur un bénéfice. Vous seriez maître de votre temps, et de vous livrer à votre belle passion pour l’étude. Je ne vous parle point du bonheur que j’aurais de vous voir chez moi.

Tout cela est peut-être une belle chimère ; mais on pourrait en faire une réalité.

Je vous embrasse le plus tendrement du monde.

7165. — DE MADAME LA MARQUISE D’ANTREMONT[1].
À Aubenas, le 4 février.

Monsieur, une femme qui n’est pas Mme Desforges-Maillard, une femme vraiment femme, et femme dans toute la force du terme, vous prie de lire

  1. Marie-Anne-Henriette Payan de Lestang, épouse du marquis d’Antremont, puis du baron de Bourdic, et, en troisièmes noces, de M. Viot, née à Dresde en 1746, est morte à Paris le 7 auguste 1802. (B.) — La réponse de Voltaire est sous le No 7184.