Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome45.djvu/97

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Je suis au haut d’un mont sauvage,
Où se confinent les autans.
Mais votre amitié du bel âge
Me ramène encore un printemps.
 
Vous parlez toujours comme Horace,
Vous avez trouvé le vrai bien.
Pourquoi faut-il qu’on s’embarrasse
Du vain bruit qui ne donne rien ?

La gloire n’est qu’une importune
Qui fait ombre à notre bonheur,
L’amour ne fait jamais fortune,
Et l’esprit appauvrit le cœur.


Vous avez raison ; les hommes ne valent pas la peine qu’on perde une seconde pour eux, et si vous n’étiez plus de ce monde, je ne croirais plus à rien.

Je vous embrasse tendrement, et je veux toujours me dire votre disciple. V.


6718. — À M. LE COMTE DE BERNSTORFF,
premier ministre du roi de danemark.
4 février.

Monsieur, la famille Sirven, qui va manifester à Paris son innocence et les bienfaits de Sa Majesté, a dû remercier aujourd’hui Votre Excellence de ces mêmes bienfaits, dont elle vous est redevable. Je ne vous dois pas moins de reconnaissance, monsieur, de la lettre du roi, dont vous m’avez procuré la faveur. J’y reconnais un monarque pénétré de vos principes. On juge du prince par le ministre, et du ministre par le prince. Il y a plus de cent ans que la bienfaisance est assise sur le trône de Danemark. Heureux le pays ainsi gouverné !

Permettez, monsieur, qu’avec mes très-humbles remerciements je vous adresse ceux que je dois à Sa Majesté.

J’ai l’honneur d’être, avec beaucoup de respect, monsieur, de Votre Excellence, etc.


6719. — À CHRISTIAN VII,
roi de danemark.
Le 4 février.

Sire, la lettre dont Votre Majesté m’a honoré m’a fait répandre des larmes de tendresse et de joie. Votre Majesté donne de