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CORRESPONDANCE

1° Que vous vouliez bien me déclarer, par un mot d’écrit, que vous ne répéterez, après ma mort, aucun meuble quel qu’il soit, que les vôtres ou la valeur, en compensant le temps qu’ils ont servi ;

2° Que vous me laisserez prendre du bois pour mon chauffage, sans que je réponde des arbres qui sont couronnés ou vermoulus ;

3° Que vous transigerez à l’amiable avec mes héritiers, en considération de ce même bois que vous m’avez vendu pour cent poses et qui n’en a que vingt-trois et demie[1]. Il n’est pas possible que je ne fasse pour deux mille écus au moins de réparations au château, si j’y demeure. Ces dépenses vous resteront, et quand il m’en aura coûté environ 60,000 livres pour une terre à vie achetée à soixante-six ans, laquelle me rapporte à peine 1,500 livres, vous ne serez pas lésé, et vous devez songer que j’ai soixante-quinze ans.

S’il y a un seul conseiller du parlement, un seul avocat qui trouve mes demandes déraisonnables, j’y renonce. Je ne demande qu’a pouvoir être tranquillement avec des sentiments de respect et même d’amitié, monsieur, votre serviteur.

Voltaire.
7316. — À M. CHRISTIN[2].
21 auguste.

Mon cher philosophe, le pendu ne me coûtera rien[3]. Le bailliage de Gex est convenu que ce revenant-bon était pour le roi. Je ne sais point d’argent plus mal employé que celui d’ôter la vie en cérémonie pour quinze francs.

Quand vous viendrez passer vos vacances ici, nous ferons dresser les actes en question.

M. de Mailly m’a envoyé des faisans, accompagnés d’une lettre qui vaut certainement mieux que tous les discaux du Phase.

Bonsoir, très-cher philosophe.

  1. Il y eut en effet transaction à l’amiable avec Mme Denis pour 10.000 livres. Mais dans cette transaction, il n’est pas dit un mot de la prétention qu’élève ici Voltaire pour défaut de contenance du bois en question. (Th. F.)
  2. Éditeurs, Cayrol et François.
  3. Il doit s’agir d’un pauvre diable pendu pour vol. Comme haut justicier, Voltaire pouvait avoir à payer les frais d’exécution. (G. A.)