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ANNÉE 1768.

venir un procès entre M. de Brosses et ma famille après ma mort. M. de Brosses a cru qu’ayant acheté une charge de président à mortier au parlement de Dijon, il pourrait écraser facilement ma famille. Il se trompe ; j’ai des neveux conseillers au parlement de Paris et au grand conseil[1], qui ont l’âme aussi noble que la sienne est intéressée, et qui se feront un devoir de mettre au jour des procédés dont j’ai bien voulu jusqu’à présent cacher la honte.

Pour moi, je veux mourir en paix. Il me menace de me persécuter : la chose est difficile, mais l’idée en est abominable, et c’est le comble de l’infamie. Ensevelissez dans l’oubli, mon cher ami, des choses aussi monstrueuses. Ce sera d’ailleurs une action digne de vous d’engager M. Le Gouz à faire rentrer, s’il se peut, M. e Brosses en lui-même, ou plutôt à le faire sortir un moment de lui-même. Je vous aurai obligation de la paix, et M. de Brosses vous aura une obligation encore plus grande. J’ai en vous, mon cher président, une confiance entière. J’attends tout de votre sagesse et de l’amitié dont vous m’honorez.

Je vous embrasse avec les plus respectueux sentiments et la plus tendre reconnaissance. V.

7341. — À M. HENNIN.
Dimanche au matin, 25 septembre.

Je vous remercie de tout mon cœur, monsieur, du bon gros paquet que vous avez bien voulu me faire tenir. Je vous demande encore une autre grâce, et même deux. La première est de me dire comment on écrit à ce brave jurisconsulte[2] qui est devenu à peu près premier ministre à Naples, et qui soutient si bien les droits de la couronne contre Rezzonico.

La seconde est de vouloir bien me dire si les Enfants de France ne sont précisément entre les mains des femmes que jusqu’à l’âge de sept ans. Ces sept ans sont-ils comptés à six ans et un jour, comme la majorité à treize ans et un jour ? Vous devez savoir cela sur le bout de votre doigt, vous qui êtes de Versailles[3].

  1. Le conseiller au grand conseil était l’abbé Mignot, frère de Mme Denis et de Mme de Fontaine, et le conseiller au parlement M. de Dompierre d’Hornoy, fils de Mme de Fontaine, mort en janvier 1828.
  2. Bernard Tanucci, ministre de Ferdinand IV, né en 1698, mort le 29 avril 1783 ; voyez tome XXVII, page 384.
  3. Hennin était de Magny.