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ANNÉE 1768.

priver d’un droit que j’ai acquis par cinquante ans de travaux.

Je me mets aux pieds de Mme d’Argental.

À propos, vraiment oui je pense comme vous sur l’Académie et sur La Harpe, sans même avoir vu l’ouvrage couronné[1].

7346. — À M. HENNIN.
À Ferney, samedi au soir.

Mon très-aimable et très-cher résident, voici un paquet qu’on m’adresse. Il me semble que monsieur votre frère peut beaucoup dans cette affaire : il s’agit des vivants et des morts[2], ils vous auront tous obligation. Pour moi, tant que je serai au nombre des vivants, je vous serai bien tendrement attaché.

7347. — À MADAME DE SAINT-JULIEN.
À Ferney, 30 septembre.

Si madame papillon-philosophe garde les secrets aussi bien que les paquets, je me confesserai à elle à Pâques. Non, madame, mon cœur n’a pas renoncé au genre humain, dont vous êtes une très-aimable partie. Je suis vieux, malade et dégoûtant, mais je ne suis point du tout dégoûté ; et vous seule, madame, me réconcilierez avec le monde.

Voici le secret dont il s’agit. Mme Denis m’a mandé qu’un jeune homme a tourné en opéra-comique[3] un certain conte intitulé l’Éducation d’un Prince. Je n’ai point vu cette facétie, mais elle prétend qu’elle prête beaucoup à la musique. J’ai songé alors à votre protégé, et j’ai cru que je vous ferais ma cour en priant Mme Denis d’avoir l’honneur de vous en parler. Tout ce que je crains, c’est qu’elle ne se soit déjà engagée. Ne connaissant ni la pièce ni les talents des musiciens, j’ai saisi seulement cette occasion pour vous renouveler mes hommages. L’état triste où je suis ne me permet guère de m’amuser d’un opéra-comique. Il y a

  1. Voyez le commencement de la lettre 7333.
  2. Il s’agissait, dans cette lettre, d’un mémoire fait par M. Pacou, sur la nécessité de transporter le cimetière de l’église de Saint-Louis de Versailles hors de la ville.

    Le frère de P.-M. Hennin était procureur du roi à Versailles.

    La lettre de Voltaire à M. Pacou, en réponse à l’envoi qu’il lui avait fait de son mémoire, est du 3 octobre 1768.

  3. Le Baron d’Otrante, que Voltaire avait envoyé à Grétry ; voyez tome VI, page 573.