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CORRESPONDANCE

tien aux yeux du peuple. J’aurai contribué à cette bonne œuvre.

N. B. Ce changement dans les mœurs ne sera pas inutile à votre colonie de Versoy.

Permettez-moi de vous écrire un jour, à fond, sur votre colonie. Vous protégez votre vieille marmotte ; cet établissement touche à mon pauvre trou ; je suis de la colonie.

L’évêque d’Annecy est un fou, vous avez bien dû le voir. Le voilà disgraciée à sa cour pour ses sottises. Le fanatisme n’a jamais fait que du mal.

Mon protecteur, vous avez beau jeu. Le duc de Grafton[1] n’est pas une tête à résister à la vôtre.

Me pardonnez-vous de vous écrire une si longue lettre ?

La vieille marmotte est à vos pieds ; elle vous adore ; elle vous souhaite prospérité et gloire ; elle vous présente d’ailleurs son profond respect.

7386. — À M. LE DUC DE PRASLIN[2].
À Ferney, 12 novembre.

Monseigneur, je n’ai pas osé vous faire moi-même ces compliments de consolation, qui sont surcroît d’affliction ; je les ai adressés à M. d’Argental, qui veut bien faire valoir mes sentiments auprès de vous, et qui en a pour vous de si tendres. Puissiez-vous jouir très-longtemps d’une santé affermie, et de tout ce qui peut contribuer à ce qu’on appelle le bonheur !

Comme je passe les trois quarts de ma vie dans mon lit, je n’ai pu avoir soin de la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV. Il s’y est glissé une faute qui doit vous intéresser plus que personne, puisqu’il s’agit de la paix dont la France vous a l’obligation. On a mis à la page 202 du tome IV une addition qui était destinée pour la paix d’Aix-la-Chapelle ; cela fait un galimatias absurde. Voici le carton qu’on peut très-aisément substituer. Je vous demande pardon pour mon libraire. Si M. d’Argental est encore avec vous, souffrez que je prenne la liberté de vous adresser le même carton pour lui, et je vous prie de conserver à l’auteur les bontés dont vous l’avez toujours honoré. Il vous sera attaché jusqu’au dernier moment de sa vie, avec autant de reconnaissance que de respect.

  1. Auguste-Henri Fitzroy, duc de Grafton, né vers 1735, était alors premier lord de la trésorerie. Il est mort en 1811.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.