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CORRESPONDANCE

nent, je ne vois pas qu’il y ait plus de danger à imprimer cette pièce que celle du Royaume en interdit[1], ou de l’Honnête Criminel[2],

Je vous demande en grâce, mon cher ange, de lire l’article Lally au quatrième volume du Siècle. Je suis convaincu qu’il était aussi innocent que brutal, et que rien n’est aussi injuste que la justice.

L’abbé de Chauvelin, cette fois-ci, ne doit pas être mécontent ; au reste, il est bien difficile de contenter tout le monde père[3].

Respect et tendresse.

7399. — À M. LE COMTE DE ROCHEFORT[4].
21 novembre.

Venez, monsieur ; si je suis malade, vous adoucirez mes maux ; si j’ai quelque étude à faire, vous m’éclairerez. Venez manger de votre sassenage et boire de votre vin. Les derniers jours de ma vie seront heureusement employés à vous recevoir : c’est un honneur et un plaisir dont je sens tout le prix. Mille respects à celle qui fait votre bonheur.

7400. — À M. MARMONTEL.
28 novembre.

Point du tout, mon cher ami, le patriarche est toujours malingre : et, s’il est goguenard dans les intervalles de ses souffrances, il ne doit la vie qu’à ce régime de gaieté, qui est le meilleur de tous.

Tout gai que je suis par accès, je suis au fond très-affligé pour l’Espagne que l’Université de Salamanque succède aux jésuites dans le ministère de la persécution. Je l’avais bien prévu avec frère Lembertad[5] ; et je dis, quand on chassa les renards : On nous laissera manger aux loups.

J’ai toujours votre quinzième chapitre[6] dans le cœur et dans

  1. Lothaire et Valrade, ou le Royaume mis en interdit, tragédie en cinq actes et en vers (par Gudin de la Brenellerie), 1767, in-8°.
  2. Voyez la note, tome LV, page 449.
  3. La Fontaine, livre III, fable i.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.
  5. D’Alembert.
  6. De Bélisaire.