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ANNÉE 1768.

mon ancien préfet l’abbé d’Olivet, dont je connais parfaitement la fausseté ; mais la satire ment sur les gens de lettres pendant leur vie, et l’éloge nient après leur mort.

Il serait à désirer que les lettres[1] concernant Nonotte fussent réimprimées à Lyon, puisque les injures de ce maraud ont été audacieusement imprimées ; c’est d’ailleurs un factum dans une espèce de procès criminel. Il n’y a point de petit ennemi, quand il s’agit de superstition. Les fanatiques lisent Nonotte, et pensent qu’il a raison. Je crois que les Pères de l’Oratoire en seraient très-aises, et qu’il y a bien d’honnêtes gens qui seraient charmés de voir l’insolente absurdité d’un ex-jésuite confondue. Voyez ce que vous pouvez faire pour la bonne cause. L’ouvrage d’ailleurs est très-respectueux pour la religion, en écrasant le fanatisme.

Bonsoir, mon très-cher confrère. J’attends de Bâle un petit livre sur l’histoire naturelle[2], où il y a, dit-on, des choses curieuses ; je ne manquerai pas de vous l’envoyer.

7452. — À M. LE CONSEILLER LE BAULT[3].
11 janvier 1769, à Ferney.

Monsieur, à la réception de votre lettre, j’envoie une lettre de change à M. François Tronchin[4]. J’étais si malade que je ne pus pas même lui écrire. Il faut que je sois désespéré, puisque votre bon vin ne m’a pas encore guéri. Cependant je compte sur vous jusqu’à la fin de ma vie. Je ne veux boire que par vos bienfaits. Je ne puis plus souffrir d’autre vin que le vôtre. Apparemment que tant vaut l’homme, tant vaut son vin. M. de Brosses a fait enfin à peu près ce que je désirais. Ce n’a pas été sans peine. Il n’a jamais daigné mettre la générosité au nombre de ses vertus.

Mille respects à Mme Le Bault ; j’ai l’honneur d’être avec les mêmes sentiments, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.
  1. Nous ne connaissons de lettre concernant Nonotte, et dont Voltaire puisse parler ici, que celle qui est tome XXVI, page 569. La Lettre anonyme, etc., qui est tome XXVII, page 401, est postérieure au 10 janvier. Mais Voltaire a peut-être aussi voulu parler des Éclaircissements historiques, qui sont tome XXIV, page 183.
  2. Des Singularités de la nature, tome XXVII, page 125.
  3. Éditeur, Th. Foisset.
  4. Banquier de Voltaire à Lyon.