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CORRESPONDANCE.
7469. — À MADAME LA DUCHESSE DE CHOISEUL.
De Lyon[1], ce 2 février.

Madame, le présent manuscrit étant parvenu en ma boutique, et cette chose étant très-vraie et très-drôle, j’ai cru en devoir faire prompt hommage à Votre Excellence avant de la mettre en lumière. J’ai pensé que cela vous amuserait plus que les assemblées de messieurs pour faire enchérir le pain, et que toutes les tracasseries modernes, dont on dit que vous faites peu de cas.

Au surplus, madame, je charge votre conscience, quand vous aurez lu la Canonisation de saint Cucufin[2], de la faire lire à madame votre petite-fille[3], laquelle a grand besoin d’amusement et de consolation, étant attaquée du mal de Tobie, et n’ayant point d’ange Raphaël pour lui rendre la vue avec le foie d’un brochet. Je me tue à l’amuser tant que je puis ; ce qui est très-difficile, tant elle a d’esprit.

Dès que j’aurai mis sous presse la Canonisation de saint Cucufin, à qui je fais de présent une neuvaine, je ne manquerai pas de vous envoyer, madame, deux exemplaires, l’un pour vous, et l’autre pour votre petite-fille, comptant parfaitement sur votre dévotion envers les saints, et sur votre discrétion envers les profanes. J’espère même, sous un mois ou six semaines, garnir votre bibliothèque d’un ouvrage fort insolent[4] ; mais si le délicat et ingénieux abbé de La Bletterie me défend de plus vous fournir, je ne vous fournirai rien, et je vous laisserai au filet.

Toutefois j’ai l’honneur d’être avec un respect vraiment sincère, madame, de Votre Excellence le très-humble et très-obéissant serviteur.

Guillemet.
7470. — À M. TABAREAU[5].
À Ferney, 3 février 1769.

M. Vasselier est un grand théologien ; mais il est encore meilleur conteur. On peut consulter également les Petites-Maisons

  1. Voltaire était à Ferney : mais il date sa lettre de Lyon, parce qu’il suppose que c’est là que demeure le typographe Guillemet, dont il prend le nom. B.
  2. Tome XXVII, page 419.
  3. Mme du Déffant appelait Mme de Choiseul sa grand’maman.
  4. Je pense qu’il veut parler de l’Histoire du parlement. (B.)
  5. Éditeurs, de Cayrol et François.