Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome46.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
292
ANNÉE 1769.

toire de Genève ; j’empêcherai qu’il ne dépense un écu au delà de sa pension : il donnera une procuration à un homme de confiance pour recevoir son revenu tous les mois, et payer son petit ménage ; il aura des livres qui le consoleront dans sa retraite ; je veillerai sur sa conduite, j’en répondrai comme de moi-même ; et je m’engage envers vous, madame, et envers sa famille, comme s’il s’agissait de mes propres intérêts.

Je suis bien persuadé que vous aimerez mieux le savoir sous mes yeux que sous des yeux étrangers.

Je vous donne encore ma parole d’honneur qu’il ne sortira pas hors des limites du mont Jura, et qu’il n’habitera jamais aucune ville du royaume. La personne chargée de son revenu ne le permettra pas, et, de plus, je vous jure qu’il n’a nulle envie de se montrer, et qu’il veut vivre dans la plus profonde obscurité. Je me flatte, encore une fois, que ce parti vous agréera, et que vous ne souffrirez pas qu’on poursuive votre malheureux frère comme un voleur de grand chemin, tandis qu’il est assez puni de ses faiblesses passées, et qu’il les expie depuis si longtemps par une vie irréprochable. Je sais, madame, que vous avez eu de la générosité pour des étrangers : vous en aurez pour un frère.

7511. — À M. GROS[1],
curé de ferney.
Le jour des Rameaux.

Il n’y a que d’infâmes calomniateurs qui aient pu, monsieur, vous dire les choses dont vous parlez. Je puis vous assurer qu’il n’y a pas un mot de vrai, et que rien ne doit s’opposer aux usages reçus. Vous êtes instruit sans doute des règlements faits par les parlements, et je ne doute pas que vous ne vous conformiez aux lois du royaume. Vous êtes d’ailleurs bien persuadé de mon amitié.

Voltaire.
7512. — DE MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT[2].
Mardi, 21 mars 1769.

Vous nous comblez de biens, monsieur, mais loin de vous dire : C’est assez, nous vous crions : Encore ! encore ! Tout ce que vous nous envoyez est

  1. Voyez la note 3 de la page 303.
  2. Correspondance complète, édition de Lescure, 1865.