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ANNÉE 1769.

de l’impératrice elle-même. Plût à Dieu que la France manquât absolument de lois ! on en ferait de bonnes. Lorsqu’on bâtit une ville nouvelle, les rues sont au cordeau ; tout ce qu’on peut faire dans les villes anciennes, c’est d’aligner petit à petit. On peut dire parmi nous, en fait de lois :

Hodieque manent vestigia ruris.

(Hor., lib. II, ep. i, v. 160.)

Henri IV fut assez heureux pour regagner son royaume par sa valeur, par sa clémence, et par la messe ; mais il ne le fut pas assez pour le réformer. Il est triste que ce héros ait reçu le fouet à Rome, comme on le dit, sur les fesses de deux prêtres français. Nous sommes au temps où l’on fouette les papes ; mais, en les fessant, on leur paye encore des annales. On leur prend Bénévent et Avignon, mais on les laisse nommer, dans nos provinces, des juges en dernier ressort dans les causes ecclésiastiques. Nous sommes pétris de contradictions.

Travaillez, monsieur, à nous débarbariser tout à fait ; c’est une œuvre digne de vous et de ceux qui vous ressemblent. Je vais finir ma carrière ; je vois avec consolation que vous en commencez une bien brillante.

Je vous remercie de la médaille dont vous daignez me favoriser ; j’espère qu’un jour on en frappera une pour vous.

J’ai l’honneur d’être, etc.

7515. — À M. THIERIOT[1].
27 mars.

Je suis, mon ancien ami, à mon neuvième accès de fièvre. Je vous envoie un de mes testaments[2] pour vous amuser. Vous avez bien fait de jeter la vue sur Préville[3]. Je suis charmé que vous soyez charmé du charmant poëme de Saint-Lambert.

7516. — À M. ***.
Dans la chambre du malade, à sept, heures du matin, 27 mars.

Monsieur, mon père ne vous écrit pas, parce qu’il est à son dixième accès de lièvre. Il vous prie de faire passer ce paquet à M. La combe.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. L’Épître à Boileau.
  3. Pour la comédie du Dépositaire.